Voyager hors des sentiers battus au Paraguay
- Kevin et Isabel
- il y a 3 jours
- 7 min de lecture

Le Paraguay... Ce n'est clairement pas un pays dont on entend beaucoup parler. Lorsqu'on rencontre des voyageurs, on aime leur demander ce qu'ils ont vu et où ils aimeraient aller ensuite. Le Paraguay ne fait jamais partie de ces récits. Mais pour relier Iguazú à la Bolivie par la route, c'est un pays qui nous fait de l'oeil. Alors pourquoi ne pas tenter ? C'est en ayant aucune idée de ce qu'on va trouver qu'on se lance dans la traversée du Paraguay
Après en avoir pris une dernière fois plein la vue aux chutes d'iguazu côté Brésilien, on traverse la frontière pour rentrer dans ce pays un peu mystérieux. Les douaniers ont l'air un peu surpris d'ouvrir un passeport français. Ça promet ! On passe notre première nuit à Cuidad del Este. La ville n'a rien de charmant mais on se balade le long du lac à la tombée de la nuit pour trouver un restaurant.
Le lendemain on prévoit de visiter le barrage d'Itaipu (le plus grand du monde en termes d'énergie produite) mais on se résigne car ça nous prendrait trop de temps et on raterait notre bus. Alors on se console avec des pâtisseries achetées au coin de la rue et laissez moi vous dire qu'elles sont délicieuses ! Bourrées de sucres mais fondantes.
On monte ensuite dans notre premier bus paraguayen pour Encarnación et il donne le ton. Il s'arrête à chaque demande et parfois littéralement au milieu de nulle part dans la campagne paraguayenne. Ce qui devait être un trajet de quatre heures se transforme six heures, dans un confort un peu précaire. L'aventure, il paraît...

Au Paraguay il y a deux sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO : les missions jésuites de Trinidad et de Jésus. On peut les visiter toutes les deux sur la même journée en partant d'Encarnacion.
N'étant pas un pays développé autour du tourisme, c'est toujours un challenge pour se rendre d'un point A à un point B. Pour les missions, on monte à bord d'un bus en direction de Cuidad del Este. On indique bien au chauffeur où on souhaite descendre et on lui demande s'il peut nous prévenir quand on approche de "l'arrêt" (entre guillemets car il n'y a jamais d'arrêts de bus, tout le monde monte et descend où il le souhaite sur le trajet). Un peu méfiants, on surveille quand même sur Google maps et on fait bien ! Lorsqu'on s'approche de la zone, on signale au collègue s'occupant des billets que l'on souhaite descendre à Trinidad. Dans le plus grand des calmes il nous dit qu'il fallait descendre avant, qu'on l'avait passé. Sans pour autant dire au chauffeur de s'arrêter pour nous laisser descendre. On doit devenir insistants pour qu'enfin ils arrêtent le bus ! Après seulement quelques minutes de marche on passe le portail de Trinidad et quelques mètres plus loin on paye nos tickets d'accès aux missions.

Sur place on se retrouve embarqués dans une visite guidée avec un Guarani. Il nous retrace l'histoire des missions, de l'arrivée des Jésuites au XVIIe à leur expulsion par la couronne Espagnole en 1768. Cette dernière voyait d'un mauvais œil le pouvoir et les richesses amassées par l'ordre des Jésuites et n'appréciait pas l'existence d'un État dans l'État. Au milieu de toute la violence de la conquête espagnole, les jésuites ont construits des havres de paix où les indigènes Guaranis pouvaient vivre en toute sérénité. En tout cas, c'est comme ça que ça nous l'est présenté. Mais en creusant un peu auprès de notre guide, on a plutôt l'impression que le travail imposé par les Jésuites aux Guaranis dans leur mission était plutôt un moindre mal pour les autochtones. Les ruines en brique n'en restent pas moins très jolies et on apprécie la finesse des détails encore apparents.
On se rend ensuite en taxi jusqu'aux ruines de la mission de Jesus de Tavarangue. Ici, le site est plus petit et il reste principalement l'église. On fait rapidement le tour et on attend le coucher de soleil pour un évènement spécial : un videomapping. On est guidés à la lumière d'une lampe torche par une dame vêtue d'une tunique portant le symbole jésuite. Au fur et à mesure du chemin, elle nous raconte l'histoire de Guaranis et Jésuites ayant vécus dans ces missions. On apprécie que la visite soit bilingue : espagnol et guarani. D'autant plus que notre guide est blonde aux yeux bleus. Je crois que le Paraguay est le pays d'Amérique latine où on a le plus noté le mélange de communautés, dont beaucoup issues de l'immigration (allemand, italiens, japonais...).
On rentre ensuite dans l'église où est projeté un autel coloré et doré. Le temps pour nous d'imaginer ce qu'aurait pu être le lieu. Tout simplement magnifique.
S'ensuit l'histoire de la région. La vie des Guaranis avant l'arrivée des colons espagnols. La conquista et la création des missions. Et leur destruction. La projection se termine par la lecture d'une lettre adressée au gouverneur par un chef Guarani demandant de sauver les missions jésuites. Sans succès.
Pour le retour en ville, pas de bus. Et on est au milieu de la campagne. Alors c'est en taxi, réservé là veille, qu'on rentre sur Encarnación. Sur le chemin, on sympathise avec notre chauffeur Elias, un jeune Paraguayen. On galère un peu à le comprendre parfois, on doit le faire répéter. Il nous explique, qu'ici, ils disent parler le guarañol, un mélange de Guarani et d'espagnol avec des sons gutturaux.

Notre dernière étape au Paraguay est sa capitale Asunción. En allant prendre quelques informations à l'Office du tourisme, on se retrouve embarqués dans une visite gratuite. On est entraînés à travers les rues de la ville par notre guide qui est une véritable pile électrique. On n'est clairement pas sur le même niveau d'énergie et on ne comprend pas grand chose. Avec elle, on découvre notamment le panthéon où sont inhumés quelques héros de la nation ainsi que des enfants. Puis notre visite se termine à la maison de l'Indépendance, d'où a débuté l'indépendance en 1811.
Après s'être séparés de notre guide (on a raté deux ou trois blagues, la pauvre, on n'est pas vraiment un bon public ce jour-là), on continue de découvrir Asunción. La cathédrale est malheureusement fermée mais juste en face se trouve le bar Lido où l'on peut déguster trois spécialités paraguayennes. La chipa (à base de maïs), le mbeju et la sopa paraguaya (qui n'a rien d'une soupe mais qui ressemble plutôt à un beignet). Le lieu est plein à craquer et il s'en dégage une ambiance particulière. C'est vraiment un endroit où se retrouvent les Paraguayens. Au dessus du bar on peut lire "Qui visite Paris sans faire la Tour Eiffel ne connait pas Paris. Qui visite Asuncion sans aller à Lido ne connait pas Asunción". Le ton est donné. Encore une petite pépite trouvée par Kévin. De là on fait le tour du Palacio de los Lopez, palais gouvernemental et on termine par une courte balade le long du fleuve Paraguay (frontière avec l'Argentine).
Comme à son habitude, Kévin surveille les calendriers sportifs pour tenter d'y assister. Ce jour-là, il y a un match de Copa Libertadores (l'équivalent de la Ligue des champions en Europe) dans la capitale. Grâce à notre hôte, on parvient à acheter des places et on file au stade. Une petite enceinte de 10 000 places pour voir le match du Club Libertad, contre les Argentins de Talleres, un club de Cordoba. Au moment d'entrer, on nous refuse l'accès, sous prétexte que nous n'avons pas de signe distinctif du club sur nous. On fait demi-tour, on trouve deux casquettes pour pouvoir entrer. Le vendeur se permet même de nous dire qu'il ne trouve pas ça normal, alors qu'il fait clairement son chiffre grâce à ça...

On arrive à la fin de l'échauffement et l'ambiance est clairement différente de celle vécue pour Argentine - Brésil. Il faut attendre cinq minutes avant le coup d'envoi pour voir les supporters se mettre en place et commencer à encourager leur équipe. Dans la tribune opposée, les Argentins sont venus nombreux et les deux groupes se mettent à jouer quelques instruments, à chanter. Ce qui rend l'ambiance chaleureuse. Encore plus quand le Club Libertad marque le premier but, en début de match. Mais il y a comme un interrupteur pour les groupes de supporters, qui s'arrêtent dès le coup de sifflet de la mi-temps. On a quand même pu profiter de voir une légende du foot paraguayen, Roque Santa Cruz, 43 ans et toujours présent. Il a notamment joué en Europe et gagné la Ligue des champions. A sa sortie du terrain, son équipe marque d'ailleurs un deuxième but, garantissant la fête dans les tribunes. Ce n'était pas le match de l'année, il n'y avait pas la folie argentine à la sortie du stade mais ça reste une bonne expérience à vivre, dans un pays autant passionné par le football.

Le lendemain, notre bus pour la Bolivie nous attend le soir. Mais on prend le risque de faire un aller-retour en bus jusqu'au village de San Bernardino sur le bord du lac Ypacarai. Comme pour le reste du Paraguay : c'est l'aventure pour y arriver. 50 km, deux bus avec un changement en pleine campagne et 2h30 de trajet. J'ai calculé, ça fait du 20km/h... Et comme pour le reste du pays, c'est beaucoup de patience pour un résultat joli mais à qui il manque le facteur "wahou". On mange une milanesa et on se balade sur la petite plage du lac. C'est joli mais infesté de moustiques. On grimpe jusqu'à un soi-disant mirador mais les arbres cachent la potentielle vue. Certaines rues sont très jolies, pavées et avec d'immenses maisons.
Le reste de nos déambulations se fait accompagnés par une chienne de rue. Elle fait même les musées avec nous. Finalement, c'est ça le Paraguay. La simplicité et la douceur de vivre. Ça nous fait un pincement au cœur quand on doit se séparer d'elle pour monter à bord du bus de retour à Asunción. Mais il est l'heure de rentrer à la capitale si on ne veut pas rater le bus qui nous amènera à notre prochaine destination.
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