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Au cœur de l'histoire d'amour entre le football et les Argentins

  • kevinbessiere
  • 30 avr.
  • 7 min de lecture

Les Argentins sont fous de foot. A Buenos Aires, c'est sûrement encore plus fort qu'ailleurs. Des peintures murales, les gens avec les maillots, les chauffeurs de taxi fans d'une équipe en particulier. En quelques jours dans la capitale, on a pu expérimenter la passion argentine pour le foot.

Il n'a d'ailleurs pas fallu longtemps. Dès notre arrivée après un bus de nuit, on file à l'Estadio Monumental, antre de River Plate et plus grand stade du pays, pour une raison bien précise. Quelques jours plus tôt, j'ai réussi à avoir des places pour le match d'éliminatoires pour la Coupe du monde 2026 entre l'Argentine et le Brésil. Et le jour de notre arrivée est le dernier pour aller récupérer les places. En arrivant, on se rend compte qu'il y a une longue file d'attente. Je vais donc prendre place pendant qu'Isabel garde nos sacs. Ce qui attire l'attention d'une journaliste qui va prendre le temps de l'interviewer, notamment au sujet du prix des places. Un prix exorbitant, à tel point qu'on se demande si le stade va vraiment faire le plein, vu le contexte économique en Argentine. Après une heure d'attente, on passe rapidement par la boutique de River Plate, un des plus grands clubs du pays, avec nos précieux sésames en poche.


On se dit alors qu'on ne peut pas aller au match sans être dans le thème. Direction le quartier de la Boca. Difficile de ne pas remarquer qu'on y entre, avec tous les trottoirs, les maisons peintes en jaune et bleu. Première étape dans le quartier : le stade Alberto J. Armando, beaucoup plus connu sous le nom de Bombonera. Dès l'entrée dans la boutique, le ton est donné : interdiction d'entrer avec le maillot d'une équipe argentine autre que Boca Juniors, l'équipe du quartier. Le stade héberge également le musée du club, avec une vidéo d'introduction qui donne des frissons. On peut également y apprécier les premiers maillots, les trophées remportés par Boca Juniors. Sans oublier un mur dédié à Diego Maradona, passé au club au début et à la fin de sa carrière. Puis on démarre la visite du stade avec une guide, supportrice de Boca, évidemment. On arrive dans la tribune latérale et on est surpris par la pelouse, qui ne semble pas à la hauteur d'un club comme celui-ci.


Après un petit brief historique, on peut prendre quelques photos. On apprend notamment que le bleu et le jaune, les couleurs du club, datent de 1907, soit deux ans après sa création. Les dirigeants du club avaient décidé de se rendre au port de Puerto Madero, à deux pas du quartier de la Boca, et de prendre les couleurs du pays du premier navire à arriver. Fort heureusement, ce ne fut pas un navire suisse ou danois, dont le blanc et rouge auraient rappelé le rival honni, River Plate, mais un navire suédois. La visite continue par un passage dans le kop, derrière un des buts. La guide nous fait même vivre l'expérience d'un but de Boca, faisant crier l'ensemble du groupe d'une quarantaine de personnes comme si l'équipe venait de marquer. On passe alors juste derrière le but, pour fouler un peu la pelouse. Avant de s'enfoncer dans les travées du stade, sous la tribune où nous étions, dans le vestiaire visiteur. Idéal pour les supporters pour faire un maximum de bruit avant le match, afin de perturber les adversaires. Pour la visite, quelques portraits de joueurs ayant affronté Boca à la Bombonera où on retrouve notamment Michel Platini ou Sir Bobby Charlton. La visite se termine par l'espace presse (zone mixte et salle de conférence), tout en passant à côté de statues de joueurs emblématiques du club et par l'entrée historique du stade. Un moment privilégié, pour s'imprégner de toute la passion véhiculée par cette institution.



Après un rapide tour dans la boutique, on part à l'assaut du quartier de la Boca, réputée notamment pour ses maillots de foot pas trop cher. Souvent des contrefaçons. Reste donc à trouver le meilleur rapport qualité/prix. On enchaîne les boutiques, demandant les prix, en touchant les maillots. On en cherche notamment un en particulier, la réédition du maillot de la Coupe du monde 1994, la dernière de Maradona avec l'Argentine. Quand on pense avoir trouvé notre bonheur, il n'en reste qu'un, pas à ma taille. Mais qui ira parfaitement pour Isabel. Après deux heures de recherche acharnées, on trouve finalement le mien, prêt pour aller au stade. Entretemps, on a pu faire un petit détour par El Caminito, rue réputée pour ses maisons colorées et le tango, principalement à destination des touristes.

On file rapidement à notre logement, on se pare de notre tenue de match et on commande un nouvel Uber. Le temps de trajet ne cesse de s'allonger à cause des bouchons. Logique, dans une aussi grande ville, aux alentours de 18 heures. Notre véhicule arrive, le chauffeur est évidemment vêtu d'un maillot de l'Albiceleste. On évoque rapidement le match, auquel il va se rendre lui aussi. On est d'ailleurs sa dernière course de la journée. On passe même à proximité de l'hôtel des Brésiliens, où des centaines de personnes attendent la sortie des joueurs vers leur bus. Notre chauffeur nous laisse finalement à proximité du stade, nous donnant quelques astuces pour le retour. On suit un de ses conseils aux abords del Estadio Monumental, achetant des choripans, beaucoup moins chers que dans l'enceinte. On remarque d'ailleurs les prix élevés au moment de s'acheter une boisson, juste avant de prendre place à nos sièges. Les supporters argentins sont déjà là, en train de chanter, alors que l'échauffement n'a pas commencé. Deux joueurs, Rodrigo De Paul et Leandro Paredes, profitent des clameurs de la foule avant de rentrer aux vestiaires. Les Brésiliens, eux, n'ont clairement pas le droit au même accueil. Une bronca pour saluer leur entrée, qui contraste avec celle des Argentins, quelques minutes plus tard. Dans cette ambiance électrique, on ne pourra que regretter l'attitude du public, sifflant du début à la fin, tout en chantant, l'hymne brésilien. Et on regrettera également que l'hymne argentin soit entonné par un chanteur, enlevant un peu le côté populaire et ne laissant pas vivre les émotions qu'on pensait vivre.



Rien de grave, elles arrivent vite pendant le match. En 12 minutes, l'Argentine mène déjà 2-0. Le Brésil est submergé, ne peut rien faire. Il faut une erreur défensive adverse pour lui permettre de réduire la marque. Mais cela ne changera rien à l'issue du match. Les Argentins vont même ajouter deux buts pour s'imposer 4-1. Une raclée monumentale pour une fête totale. Avec cette victoire, les champions du monde (comme ils aiment tant le rappeler) sont d'ores et déjà qualifiés pour la Coupe du monde 2026. Des feux d'artifice, un tour d'honneur, tout le monde est aux anges. Sauf Isabel, qui a certainement perdu un tympan à cause des cris très aigus de sa petite voisine de siège. Une fête populaire on vous a dit. La majorité du public reste dans le stade 10-15 minutes après la fin du match pour célébrer et chanter. Et cela continue dans la rue nous menant vers le métro. Le lendemain, les Unes des journaux sont unanimes, titrant sur la démonstration de leur équipe.



Après une petite pause de foot dans notre séjour, on programme la visite d'un nouveau stade. Pas River Plate mais celui d'Argentinos Juniors. Pour une raison bien précise : il s'agit du stade Diego Armando Maradona, célébrant le club formateur du génie argentin. Pour nous y rendre, nous prenons un Uber. Le chauffeur saute presque au plafond quand il apprend où nous allons : "Maradona, le meilleur joueur de tous les temps. River Plate, le plus grand club. L'Argentine, la meilleure sélection". Evidemment, quand il apprend que nous sommes français, il ne nous rate pas. A notre arrivée, on voit le sanctuaire dédié à Maradona. Mais cela fait partie de la visite du musée. Où il est, là aussi, interdit de rentrer avec un maillot argentin autre que celui du club. Le guide est un fan du club et cela se ressent. Il a plein d'anecdotes à raconter sur les objets qui composent le petit musée du club, vainqueur de la Copa Libertadores (la Ligue des champions d'Amérique du Sud) en 1985. Portant le surnom de "Semillero del mundo", soit pépinière du monde, l'équipe première reste sur une série de quasiment 3000 matchs avec au moins un joueur formé au club titulaire.


Une peinture murale représente même les joueurs formés au club ayant disputé une Coupe du monde avec l'Argentine. Sur lequel figure Diego Placente, ancien joueur des Girondins de Bordeaux. L'occasion de créer un peu de lien avec le guide. Qui ne cesse de rappeler que son club n'est pas comme les autres. Alors, une fois sorti du vestiaire de l'équipe première, quand je lui fais remarquer qu'on peut aussi voir le vestiaire de Bilbao, par exemple, il me répond qu'Argentinos Juniors est meilleur. La visite se termine donc par le sanctuaire de Maradona.



A son décès, en 2020, des centaines de personnes se sont spontanément rendues au stade pour lui rendre hommage, laissant une photo, un maillot, une écharpe... Le personnel du club a tout collecté pour le mettre dans une salle du stade, avec une peinture de Maradona arborant le maillot d'Argentinos Juniors. Aujourd'hui encore, des fans viennent laisser des objets pour demander son aide à D10S, comme il est surnommé. Et ça marche, comme ce supporter colombien venu prier pour une victoire en championnat de son club et revenu, quelques années plus tard, avec une écharpe Campeon. Et ceux qui n'ont rien prévu laissent ce qu'ils ont en poche : pièce, billet, carte bancaire... encore valable. Il n'y a pas de limite pour prier Diego. Avant de se séparer du guide, il nous montre une maquette réalisée par un supporter du club illustrant le but du siècle, inscrit par Maradona, évidemment, en 1986 contre l'Angleterre, en quart de finale de la Coupe du monde. Une petite enceinte branchée pour profiter du commentaire, lui aussi historique, de Victor Hugo Morales.



Avec les larmes éternelles de ce commentateur se ferme notre page football en Argentine. On a pu vérifier et valider la réputation des Argentins. Une véritable terre de football.

 
 
 

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