On expérimente le stop entre Cerro Castillo et Puerto Rio Tranquilo
- Isabel
- 25 mars
- 5 min de lecture

Après avoir échangé avec quelques Français à Puyuhuapi, on finit par prendre une décision : Cerro Castillo sera notre prochaine étape. C'était un parc qu'on avait tous les deux repéré lors des préparatifs avant le départ, mais le prix d'entrée nous dissuadait petit à petit. Oui mais voilà, d'après certains ça valait vraiment la peine de s'y arrêter. Ça nous tenait à cœur, ça nous était chaudement recommandé... Plus de questions à se poser, il fallait y faire étape !

Pour s'y rendre depuis Puyuhuapi, il faut changer de bus à Coyhaique. On hésite entre faire du stop de cette ville jusqu'au village de Cerro Castillo et prendre le deuxième bus. Ce jour là, le destin décide pour nous. Et par destin j'entends la fréquence des bus en Patagonie ! Car, une fois au terminal de Coyhaique, on nous apprend qu'il n'y a pas de bus pour Cerro Castillo avant le lendemain... Hors de question de rester ici ! On prend le temps de faire quelques courses et retirer de l'argent et on se positionne derrière un feu tricolore à la sortie de la ville.
Kevin garde les sacs, j'arbore mon plus grand sourire et je tends le pouce. Une voiture passe. Rien. Le feu passe au rouge. On patiente. Je me dis que je dois peaufiner ma technique. Le feu passe au vert. Sourire. Pouce. Et lorsque la voiture est proche, petite prière et petite moue. La voiture s'arrête ! Un miracle de Noël !

On a déjà beaucoup de chance d'avoir attendu si peu de temps (deux minutes). Mais on va vite découvrir qu'on a encore plus de chance d'être tombés sur Miguel ! Cet homme a voyagé à travers l'Amérique et plusieurs fois en Europe. S'il va en direction de Cerro Castillo aujourd'hui, c'est pour voir des huemules, un animal en voie de disparition qui figure sur l'emblème du Chili. Ça ressemble un peu à un cerf. Alors, sur la route il roule doucement et nous raconte ses voyages. Il nous fait goûter son maté (beaucoup trop amer pour nous!). Et, d'un seul coup, on s'arrête pour profiter du vol d'un condor. Quelle magie paisible de voir un oiseau de cette envergure flotter sur les courants.
Après s'être arrêté une ou deux fois pour nous faire profiter de beaux points de vue, il nous dépose à Cerro Castillo. On n'a pas vu de huemul mais sur la route il a récupéré un autostoppeur québécois qui allait aussi à Cerro Castillo. Nous voilà tous les trois à loger dans l'une des seules rues du village. Lui, en tente, et nous, chez l'habitant. Le village ressemble un peu à un film de western. Des maisons en tôle, des clôtures en bois. Chez nos hôtes, des prix de rodéo sont affichés, remporté par le père du mari.

Là-bas on passe notre première journée à ne rien faire car il tombe des trombes et des trombes d'eau. Il faut savoir être patients en Patagonie, on commence à bien le comprendre. Le lendemain, un beau ciel bleu mais de bonnes rafales de vent. On rejoint le Québécois (Florent) et on se met en chemin pour la randonnée. Il y a cinq km de marche avant d'atteindre le chemin de randonnée. Malheureusement, arrivés à destination on apprend que le parc est fermé à cause des fortes rafales de vent. Les cinq km pour retourner au village sont l'occasion de réfléchir à la suite. Est-ce qu'on file vers Puerto Rio Tranquilo, qui est censé être notre prochaine étape ? Ou est-ce qu'on reste une journée de plus en espérant avoir de bonnes conditions pour la randonnée ? On finit par choisir de continuer et on dit au revoir à Florent qui lui choisit de tester sa chance le lendemain.
Pour nous, toujours le même problème : pas de bus aujourd'hui vers notre prochaine étape. Alors on se met à la sortie du village et on relève le pouce. Après dix minutes d'attente, un couple de Chiliens nous prend en stop. Ils sont adorables et, comme ils sont en vacances, ils font plein d'arrêts pour profiter de la vue. Il faut dire que la route est magnifique, on se sent écrasés par les montagnes qui nous entourent ! Et on voit même un renard gris ! Nous qui étions déçus de ne pas avoir vu celui de Petrohue, c'est maintenant chose faite !
On met près de cinq heures à couvrir les 130 km qui nous séparent de Puerto Rio Tranquilo car la route n'est plus que trous et gravier. Fini le bitume ! C'est pendant ce trajet que nos sauveurs du jour nous partagent un dicton : celui qui est pressé en Patagonie perd son temps. Je crois qu'on ne peut pas mieux décrire cette région du monde.
Arrivés à Puerto Rio Tranquilo on monte notre tente pour la première fois. On admet qu'on galère un peu mais, après le visionnage d'une vidéo, elle ressemble à quelque chose ! On file dans le centre du village pour booker l'activité qui rend célèbre cette communauté posée sur les berges du lac General Carrera : le sanctuaire des cathédrales de marbre.

Le lendemain matin, pour le lever du soleil, on se retrouve avec quinze autres personnes dans une barque. Et entourés de plein d'autres barques, on fonce en direction des formations de marbre. L'eau du plus grand lac du Chili ne revêt pas encore son plus beau bleu mais, à cette heure-ci, le spectacle est ailleurs. Les lumières du lever de soleil mettent en valeur la cordillère des Andes et on est heureux de s'être levés pour cette vue.
Après un rapide arrêt près de deux épaves retraçant l'histoire minière du lac, on aperçoit enfin les premières formations de marbre. L'eau et le vent font un véritable travail d'artiste, qui commence à être mis en valeur par le bleu du lac. Les minutes passent et les parois de roche taillées s'enchaînent. On rentre même dans des sortes de tunnels où on nous laisse toucher le marbre. C'est doux. C'est froid. C'est magnifique.
On fait ensuite un passage rapide devant ce qui s'appelle la cathédrale de marbre (car c'est la plus imposante formation), et c'est sûrement là qu'on y voit le plus beau travail des éléments. L'eau du lac y est si claire et son reflet danse sur le marbre qui par ses nuances de couleurs semble être fait de vague. Des couples se marient parfois ici.

Le clou du spectacle se trouve un peu plus loin. Un îlot surnommé la chapelle de marbre. Il tient sur des piliers rocheux. Nul doute qu'un jour il s'effondrera. Notre bateau fait le tour de la chapelle, nous offrant une vue à 360°.
Le lendemain on est déjà à la station de bus. Si on peut appeler cela comme ça, c'est juste un arrêt devant un café. Vu qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire à Puerto Rio Tranquilo, on décide de continuer sur la carretera. La station de bus est le point de retrouvailles pour backpackers. On tombe sur le couple de Français avec qui on avait fait Queulat quelques jours plus tôt. Eux vont vers la frontière argentine, entre Chile Chico et Los Antiguos. Ça devait être notre plan au début mais la promesse d'un grand costumbrista a Cochrane et l'occasion de visiter Tortel qu'on nous a décrit comme magique ont bouleversé notre programme. Alors on leur souhaite bon voyage car on sait qu'on ne les recroisera plus en Amérique latine.
C'est aussi ici qu'on aperçoit Florent, le Québécois autostoppeur ! Il décide de mettre le stop sur pause le temps d'un trajet en bus. Nous voilà donc à voyager de nouveau ensemble pour Cochrane.
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