On a traversé le Mordor
- kevinbessiere
- 13 mai 2024
- 4 min de lecture

Le rêve de tout fan du Seigneur des Anneaux. Le Tongariro Alpine Crossing offre une vue imprenable sur le mont Ngauruhoe, la montagne du Destin dans la trilogie de Peter Jackson. Les alentours désertiques et volcaniques ont aussi servi à illustrer le Mordor. Mais au-delà de cette référence cinématographique, cette randonnée d'un jour fait partie des plus prisées en Nouvelle-Zélande. Au programme, 20 kilomètres, 1196 m de dénivelé positif. Et une météo très aléatoire.
Arrivés le soir même de notre deuxième ascension vers le mont Taranaki, on a dû rapidement prendre une décision. On avait prévu deux jours sur place, pour essayer d'avoir une bonne météo. Pour le lendemain, elle n'était pas terrible. Mais elle n'était guère mieux pour le surlendemain. Malgré nos deux jours consécutifs de randonnée, on a décidé d'enchaîner, en priant pour avoir le soleil avec nous. Dès le réveil, on a vite été refroidi. Mais il était impossible de reculer. Contrairement à d'autres randonnées qu'on a pu faire en Nouvelle-Zélande, le Tongariro Alpine Crossing ne forme pas une boucle. Il faut laisser la voiture au point d'arrivée et une navette nous emmène jusqu'au point de départ. C'est donc sous la pluie qu'on a fait la route jusqu'au point de départ, pour déposer Isabel, avant de partir vers l'arrivée (après un petit détour bien facilité par le GPS).

Malgré une pluie fine et une visibilité médiocre, on se lance à l'assaut des 20 kilomètres. Une éclaircie étant attendue vers 14 heures, on garde espoir de voir quelque chose de cette randonnée. Car la première heure s'avère très frustrante, avec des panneaux expliquant ce que nous sommes censés voir mais que la brume nous cache. On croise un couple sur le bord du chemin en train de vêtir des vêtements de pluie et un petit panneau nous indique une cascade à cinq minutes. A cause de la météo, on se dit que le détour est inutile et on poursuit notre marche. Le temps de relever la tête et les nuages ont disparu, la pluie aussi, laissant place à un grand soleil. Et, plus impressionnant encore, le mont Ngauhuroe, présent à nos côtés depuis le début de la randonnée. L'éclaircie est arrivée plus tôt que prévu, pour notre plus grand plaisir. Elle a aussi permis de découvrir la première difficulté du jour : un escalier pour lequel il faut environ une heure pour arriver en haut.
Il n'y a pas autant de monde que sur le Hooker Valley Track, heureusement, mais on est quand même rarement seuls sur le Tongariro. Dans les escaliers, on se double, se fait doubler, avant de doubler à nouveau... Ce premier effort nous emmène sur le cratère sud, qu'on peut traverser. Une petite pause s'impose pour profiter de la fameuse montagne du Destin avant de partir à l'assaut de la deuxième difficulté du jour, avec l'ascension vers le cratère rouge. Pas d'escalier pour nous aider cette fois mais plusieurs rochers servent d'appui ou d'abri contre le vent. On peut alors profiter de la vue de la vallée, tout en se disant que cette randonnée n'est pas si difficile comparée à, au hasard, celle du mont Taranaki.

Le cratère rouge porte bien son nom, avec des reflets rouges, preuve de son activité volcanique. De ce sommet, le plus haut point de la randonnée (1886 m), on peut aussi apercevoir les lacs d'émeraude, dont la couleur est due au soufre, et le lac bleu. Un endroit idéal pour pique-niquer malgré l'odeur peu agréable. Alors qu'on pensait pouvoir prendre notre temps pour déjeuner, la météo en a décidé autrement. Les nuages se faisant de plus en plus menaçants dans notre dos, on engloutit notre salade de pâtes et on reprend rapidement notre marche. L'éclaircie de trois heures attendue vers 14 heures était arrivée plus tôt. Mais elle a vraiment duré trois heures. On retrouve un vieil ami, le pierrier de roches volcaniques, déjà testé sur le mont Taranaki. Mais la difficulté n'a rien à voir, et on dévale ça en très peu de temps pour se retrouver au bord des premiers lacs.

A peine le temps d'en profiter qu'on file vers le lac bleu. Et le brouillard et la brume nous engloutissent aussi vite qu'ils avaient disparu dans la matinée. On bascule alors vers la descente, une longue descente d'une dizaine de kilomètres, avec le parking à l'horizon, si loin en contrebas. Bizarrement, le soleil va nous accompagner jusqu'au bout. On peut alors profiter de la vue sur le lac Taupo, le plus grand du pays, mais aussi sur le mont Pihanga, célèbre pour être la cause de la dispute entre Tongariro et Taranaki dans la légende maorie.
Cette longue descente ne présente pas un grand intérêt. On y apprend tout de même que le volcan Tongariro est entré en éruption en août 2012, devenant une catapulte en éjectant des énormes roches volcaniques. L'abri mis à disposition des randonneurs, comme ceux que nous avons connus sur le Heaphy Track, a par exemple été très endommagé. Heureusement, il n'y avait personne à l'intérieur, en plein hiver néo-zélandais.
Les derniers kilomètres dans la forêt semblent plus difficiles que le reste de la journée. On arrive finalement au bout, avec un petit extra de 900 m - on n'est pas à ça près - pour rejoindre le parking. Finalement, ça valait le coup d'enchaîner une troisième journée de randonnée, avec une météo quasiment idéale tout le long.

Le lendemain nous donnera raison. Le ciel est resté couvert tout le temps où nous sommes restés à proximité. On en a profité pour aller sur un autre lieu de tournage du Seigneur des Anneaux, la cascade Tawhai. Elle a servi de support pour une scène de Gollum. Certains la surnomment même la piscine de Gollum. On a aussi pu profiter du château de Tongariro, un ancien grand hôtel désormais fermé. Avant de reprendre notre chemin vers Taupo et le nord de l'île du Nord. Où de nouvelles randonnées nous attendent.
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