Le trek du Salkantay, sur la route du Machu Picchu
- Kevin et Isabel
- 10 janv.
- 15 min de lecture

Quatre mois plus tôt, on réalisait un trek de cinq jours en autonomie en Nouvelle-Zélande. Juste après, on réservait notre prochain défi physique (et un peu mental aussi, mais ça on ne le savait pas encore) : le trek du Salkantay. Un chemin qui permet de relier le village au pied du Machu Picchu en quatre jours de marche. Un chemin qui vous amène à plus de 4 600m d'altitude, qui vous fait traverser montagne et jungle et qui vous offre une vue spectaculaire sur l'une des sept merveilles du monde. Mais contrairement au trek néo-zélandais, on n'avait pas prévu de le faire en autonomie bien que ce soit possible ! On se méfiait de l'altitude alors on avait préféré passer par une agence et on ne regrette absolument pas !
Jour 0 - Le trajet qui nous rapproche des étoiles
La veille nous avons rencontré nos guides ainsi que nos compagnons de voyage. Pour ce petit périple nous serons 19 ! Et sans compter les porteurs et le cuistot ! Le temps de faire quelques emplettes et nous voilà le jour J à monter à bord du mini-bus qui nous amène à notre point de départ. Pour Isabel, c'est un peu difficile car elle se remet à peine d'un bon rhume (elle a forcé sur le thé de muña et s'est imposé une bonne nuit de sommeil en espérant être suffisamment en forme pour survivre à la randonnée).
Le trajet est compliqué pour tout le monde, des routes sinueuses interminables et une altitude qui ne cesse d'augmenter. Après près de quatre heures de route (dont la dernière sur un chemin absolument pas goudronné) nous voilà arrivés à Soraypampa, situé à 3 800m d'altitude. Ici se trouve notre premier logement : les Glass cabañas, des petits chalets avec un toit en verre pour apprécier le ciel étoilé.
C'est autour de boissons chaudes (café, thé, chocolat chaud, le choix est vaste) que nous faisons vraiment connaissance avec nos compagnons de voyage. Tout le monde est surexcité par cette aventure sur le point de commencer. On découvre aussi les talents de l'équipe en cuisine. Et durant tout ce voyage ils vont nous régaler ! Les guides nous font un rapide topo et nous conseillent de ne pas tarder à nous coucher car demain nous attend une grosse journée, avec un réveil à 5h30. Alors après un brossage de dent et quelques au revoir, on file se glisser dans notre duvet. On admire les étoiles avant de s'endormir.

Jour 1 - Affronter la montée jusqu'au col du Salkantay
La promesse du réveil matinal est tenue, avec un petit thé de coca en prime. On range tout dans les sacs et on file au petit déjeuner. Plusieurs moments forts vont rythmer cette première journée et il ne faut pas trop tarder. Après une photo marquant le départ officiel de l'aventure, on fait nos premiers pas en direction du lac Humantay, au pied de la montagne du même nom.
Après un départ groupé, nos guides nous indiquent le chemin à suivre et laissent le soin à chacun d'attaquer l'ascension à son rythme. Une de nos compagnons de route, malade, souffre à chacun de ses pas et envisage alors de ne pas continuer, pour préserver ses forces pour la suite (qui sera encore plus exigeant). On fait un petit bout de chemin avec elle puis Isabel me dit que je peux aller à mon rythme, étant donné qu'on est avec un groupe, des guides, et qu'elle ne sera donc pas seule. Me voilà alors parti seul devant, à rattraper un à un ceux partis en tête. Le chemin n'est pas toujours clair mais je m'y retrouve assez facilement. Une petite pause, le temps de voir où en est Isabel et je ne vois qu'un petit point au loin. Je continue à suivre le chemin, dépasse certains membres de notre groupe, pour finalement arriver parmi les premiers. Et là, grosse déception. Le lac, qu'on m'avait décrit comme bleu clair, à la limite du Canard WC, reste tout sombre. J'en fais part à Isabel, arrivée une quinzaine de minutes plus tard, un peu après notre Brésilienne malade, qui a pu bénéficier d'un cheval pour monter. Mais, quelques minutes d'attente suffisent pour que se lève le soleil et que l'eau commence à prendre sa couleur tant attendue.
Petit aparté, Isabel ici : Si pour Kévin c'était facile, pour moi c'était une toute autre expérience. J'accompagne la Brésilienne, j'essaie de la soutenir comme je peux. Mais la pauvre est tellement malade qu'elle finit par s'arrêter. Elle dit aux guides qu'elle nous attendra ici (car nous devons repasser par là pour la suite de la journée) mais ceux-ci refusent et lui trouve un cheval pour monter. Je continue donc seule. Je rattrape quelques Britanniques et continue de monter. Je monte de façon régulière mais je fais aussi régulièrement des pauses car le souffle se fait court. Je vois les gens devant moi s'éloigner de plus en plus et l'écart se creuser entre moi et ceux derrière. Je suis complètement seule, avec mon cardio dans les chaussettes et cette montée qui n'en finit pas. Alors quand j'aperçois Kévin au bout d'un énième effort, c'est un soulagement que je ressens dans tout mon corps.

Après une petite séance photo, on repart groupé, presque au point de départ pour s'attaquer à la deuxième difficulté du jour : le col du Salkantay. On marche à la file indienne, sur le flanc de la montagne. L'avantage (ou l'inconvénient, en fonction) d'être en groupe avec des guides, c'est qu'on fait de nombreuses pauses pour être sûr que tout le monde aille bien et pour ne perdre personne en route. Un peu frustrant pour les plus rapides, salutaire pour les plus lents ou peu habitués à l'altitude. Après une de ces pauses (toujours à proximité d'une petite "boutique" où nos amis Américains n'hésitent pas à dépenser...), nos guides nous laissent repartir en autonomie, nous donnant rendez-vous aux tentes installées au pied du col pour le déjeuner. L'ascension reprend alors, je repars devant, laissant Isabel aller à son rythme. L'occasion de discuter un peu avec un couple d'Allemands ou des Canadiens dans le cortège de tête.
Le chemin se dessine à l'endroit où on devine un ruissellement en cas de pluie. Il faut donc faire des zig-zags vers le sommet, faire attention où on met ses pieds pour ne pas tomber ou glisser. J'arrive derrière le groupe de tête au campement, où on retrouve deux équipes. Je demande à mes compagnons s'ils sont sûrs d'être au bon endroit, ils me répondent que non. Je demande alors aux cuistots qui nous indiquent le campement de l'autre côté du chemin pour notre groupe. On peut alors se déchausser, s'allonger et profiter du soleil (malgré le vent) en attendant que tout le monde arrive. Soit environ 30 minutes après mon arrivée. Le déjeuner est copieux, il faut dire qu'il nous reste le plus dur de la montée à faire, selon notre guide. On découvre aussi le concept de tente-toilettes, idéal pour avoir un peu d'intimité, à condition de tenir la position squat.

C'est encore Isabel : Pendant que Kévin lézarde au soleil (un repos bien mérité), moi je suis toujours derrière en train d'en baver. Et, une fois de plus, je me retrouve entre deux groupes : les sur-humains à l'avant, les personnes un peu plus lentes à l'arrière ainsi que les personnes qui n'ont pas supporté l'altitude et qui se retrouvent à monter à cheval car leurs corps les ont lâchés. La fatigue et la montée interminables se font sentir, une frustration d'avoir l'impression de ne pas se rapprocher du but et de cumuler des moments de pause à chaque pas. A un moment, je me retrouve même toute seule perdue dans une plaine. Entourée par ces montagnes et leurs glaciers, dans le silence des plus total, si ce n'est le vent glacial. C'est émouvant, palpitant et stressant à la fois.
Une fois prêts à repartir, nos porteurs et cuistots prennent les devants et filent à toute vitesse, impressionnants d'aisance. Alors qu'on nous promet "l'enfer", la dernière portion de l'ascension se fait assez facilement, loin des 45 minutes annoncées. Nous voilà au point le plus haut de notre vie, à 4 630 mètres d'altitude.
Encore une fois, pour Kévin c'était facile, pour moi il fallait puiser un peu plus loin que tout ce que j'avais pu faire de physique jusqu'à présent. On a l'impression que les jambes ne peuvent plus, elles semblent si fatiguées. Mais l'effort est moins dur à encaisser car l'arrivée est plus proche que les étapes précédentes. Je me rappellerai quand même toujours de la Brésilienne qui s'écroule en larme une fois au sommet. J'ai beaucoup d'admiration pour le dépassement de soi qu'elle a fait, ce jour-là.
Après une petite pause bien méritée, à profiter du paysage, des monts enneigés, notre guide nous donne des feuilles de coca pour pouvoir faire une offrande à Pachamama, la mère Terre. Un moment de partage vraiment important pour nos guides. Avant d'enchaîner avec la partie de la journée la plus facile, mais aussi la plus ennuyante, avec une longue portion de descente. L'occasion pour Isabel et moi de se retrouver et de discuter sur notre ressenti après la première partie de la journée et sur les gens avec qui on a pu discuter. Au bout de deux longues heures de marche, on aperçoit enfin le campement. Nos porteurs ont déjà dressé toutes les tentes, il ne reste qu'à récupérer son sac et à s'installer. Tout en profitant du cadre incroyable dans lequel on va passer cette première nuit, au milieu des montagnes.

Le temps de dîner, la nuit, mais aussi le froid, sont tombés. On nous donne une bouillotte chacun pour ne pas avoir trop froid dans la nuit. Nos guides prennent alors un peu de temps pour nous montrer les constellations quechuas, bien aidés par le ciel complètement dégagé. C'est avec cette image de ciel étoilé qu'on se dirige vers nos sacs de couchage, habillés de la tête aux pieds, pour dormir.
Jour 2 - Descendre pour rendre visite aux hobbits
La nuit a été difficile pour moi. Trop froid, impossible de me réchauffer. Lorsqu'on vient nous réveiller, je saute sur le thé de coca pour retrouver un peu de chaleur. A côté de moi émerge un Kévin qui a passé sa meilleure nuit. C'en est presque rageant ! On boit notre thé et on s'habille rapidement pour ne pas davantage mourir de froid. Je me lève bougonne et épuisée de ne pas avoir pu récupérer de la dure journée d'hier. Mais à peine sortie de la tente, tout est oublié. Comment rester négative face à tant de beauté. Entourés par les montagnes et les glaciers à 3 800 d'altitude. L'air de la montagne et la majesté du paysage effacent fatigue et froid.
Après un petit-déjeuner où tout le monde débriefe sur sa nuit (je ne suis visiblement pas la seule à avoir passé une nuit difficile), il est l'heure de nous remettre en route. Au programme, que de la descente, On s'éloigne petit à petit des hauteurs pour retrouver la forêt, les grosses routes de terre et les convois de chevaux et mulets. On longe des cours d'eau, on traverse parfois ces rivières, on aperçoit au loin des cascades.

Quand on entre dans la forêt, notre guide Isaac nous arrête pour observer un colibri. Et on profite de cette journée plutôt facile pour en savoir plus sur les gens qui vivent cette aventure avec nous. Je passe un moment à partager l'amour de la Nouvelle-Zélande avec un Britannique, Kévin échange avec les autres Anglais qui sont d'origine indienne. Et surtout pendant toute cette journée, tout le monde n'a qu'un mot à la bouche : jacuzzi. Oui car, voyez vous, on ne fait pas n'importe quel trek ! Pour cette troisième nuit, nous allons dormir dans un logement qui n'est pas une tente et qui propose des jacuzzi. On commence à goûter au luxe.
Alors on se dépêche d'avancer. Car plus tôt on arrive plus longtemps on pourra profiter d'une bonne douche et d'eau chaude à bulles ! On s'arrête dans des sortes de petites boutiques perdues au milieu de nulle part où travaillent des gens des communautés alentours, parfois des proches de nos guides qui ont grandi dans ces chaînes de montagnes. Pour notre déjeuner, la Brésilienne et moi-même avons droit à un remède de grand-mère pour notre gorge : une infusion de gingembre et ail. Un breuvage très difficile à avaler mais qui nous a fait beaucoup de bien pour la suite. Et une fois de plus le repas est incroyable et diversifié : du maïs, de la chica morada (une boisson très typique du Pérou à base de... maïs), des plats avec de l'avocat, du poulet en sauce, des frites de yuca...
Puis il est temps de reprendre notre chemin. Elisban, le guide en chef, nous indique que la prochaine portion est assez ennuyante et qu'il existe l'option de prendre un minibus pour relier notre étape du soir. Mais il nous partage également son point de vue : faire le Salkantay c'est le faire vraiment. Alors personne ne monte à bord et c'est tous ensemble qu'on repart à pied. Avec le jacuzzi en objectif. On en courre presque d'envie ! Soudain on les aperçoit ! Ces petits bâtiments construits en forme de maison de hobbit, placés au milieu d'une végétation luxuriante ! L'endroit a un véritable charme !
Pourtant, rapidement c'est le drame. Les jacuzzi sont hors service et voilà 17 touristes et trekkeurs malheureux ! Mais la déception est de courte durée, car on peut compter sur un défi lancé entre Canadiens et Américains pour aller se jeter dans la rivière glacée ! Il faut encore marcher un peu pour l'atteindre, se créer un chemin dans la jungle pour se rendre au cours d'eau (on espère ne pas marcher sur un serpent ou poser sa main sur une araignée). Le courant paraît extrêmement fort alors je passe mon tour. Mais je décide quand même de tremper mes pieds et je peux vous dire qu'elle est glacée ! Kévin n'ose même pas y tremper un orteil. Pourtant ça soulage après tant de kilomètres avalés en si peu de jours. On s'amuse à regarder une partie de notre groupe jouer dans l'eau gelée et on profite de ce cadre incroyable perdu dans les montagnes.
Avant de remonter vers nos maisons de hobbits je signale à Elisban, un des guides, avoir aperçu un petit chien mort près de la rivière. Il hausse simplement les épaules en me disant qu'il a sûrement été mordu par un serpent. C'est dans des moments comme celui-là qu'on réalise à quel point nos vies et nos rapports à la mort peuvent être différents.
L'ambiance autour du dîner est toujours à la fête et à la rigolade. Un Canadien nous propose un jeu : le "juste prix" du nombre de chevaux croisés en chemin (et croyez nous il y en avait beaucoup). Il offre une bière à celui qui sera le plus proche. Malheureusement on n'a pas gagné. C'est aussi le moment pour nous de faire plus ample connaissance avec Elisban qui nous raconte son enfance. Isaac, lui, est plus réservé, même si j'avais pu échanger un peu avec lui dans le minibus qui nous avait amené au départ du trek.
Et c'est ainsi que se termine notre deuxième journée, bien plus tranquille que la première. Je me réjouis de ne pas dormir en tente à 3 800m d'altitude en hiver. Je vais enfin pouvoir me reposer et être dans de bonnes conditions pour attaquer le reste du chemin.
Jour 3 - Une première vue sur le Machu Picchu

Après une bonne nuit de sommeil et notre habituelle tasse de coca, quoi de mieux que corser un peu la suite de l'aventure ? Le début de la journée est assez tranquille et consiste à se rendre à une production de café. Une fois sur place, on nous amène cueillir quelques baies, tout en expliquant le processus. Cela nous fait penser à la visite à Salento et on apprend finalement peu de nouvelles choses. On retiendra quand même que l'Allemand a fait brûler nos grains de café... Heureusement qu'ils en avaient d'autres sous la main. Mais cette pause à mi-journée nous permet aussi de pouvoir déjeuner avant la suite. Pour la première fois depuis la première journée, on va devoir reprendre un peu de hauteur pour se rendre au site de Llactapata.
Après avoir fait le plein d'énergie, on reprend le chemin et débute l'ascension. Comme pour le premier jour, nos guides nous laissent aller au rythme qu'on veut. Je refile devant, laissant Isabel avec le couple d'Allemands et la Brésilienne. Comparé au premier jour, il fait beaucoup plus chaud, ce qui rend forcément la marche un peu plus difficile. Au début, on se trouve encore un peu dans la forêt, donc protégé de cette chaleur. Mais cela ne va pas durer très longtemps. A défaut d'ombre, on découvre la vallée et on peut profiter de tout le chemin parcouru depuis le début. Et constater ce qu'il reste à faire...

Après plus d'1h30 de marche, j'arrive au premier lieu de pause. Les premiers de notre groupe sont déjà là depuis quelques minutes. Ils ont eu le temps de découvrir l'attraction principale de ce lieu : une balançoire qui donne l'impression de se balancer dans le vide. On en profite aussi pour manger le snack du jour : un fruit de la passion. Avec la technique proposée par un de nos guides : le cogner fort contre son front pour l'ouvrir. Méthode approuvée !
Le temps que le reste du groupe arrive, dont Isabel, on termine la pause et on se tient prêt à repartir. S'il y a autant d'impatience, c'est que ce troisième jour est très spécial. Isabel s'empresse tout de même de monter sur la balançoire et au premier balancement lui échappe un cri ! Une vraie balançoire à sensation forte et vue assurée.
Le repos a fait du bien car la dernière portion de l'ascension n'est pas très évidente. Des marches irrégulières, toujours cette chaleur, mais il faut tenir bon. Après trois jours de randonnée, on arrive dans un champ et, en face de nous, on le voit enfin ! On se retrouve à pouvoir observer, de loin, le Machu Picchu. Certains prêtent leurs jumelles aux autres pour mieux pouvoir profiter du spectacle. On se rappellera toujours de cette merveille du monde paraissant perchée sur une crête, tombant presque dans le vide de ces pics montagneux. Notre objectif se trouve là, face à nous. Si près et en même temps si loin.

Car, de là où on l'observe, on constate également tout ce qui reste encore à parcourir. Après avoir bien profité de la vue, on reprend la route pour une ultime pause au site de Llactapata, qui servait de refuge pour les messagers de l'Inca. Ces ruines aussi donnent sur le Machu Picchu. Tout comme l'endroit où on passera la nuit. Comme la première fois, on arrive et le campement est dressé. Les tentes ont toutes été tournées vers la merveille du monde. Quel plaisir de se dire qu'elle se trouve juste là, sous nos yeux.

Pour fêter la fin du séjour, et un des derniers repas préparé par nos cuistots, ils nous ont préparés un gâteau, avec l'inscription "Sexy Pumas", le nom choisi par notre guide pour nommer notre groupe. Pendant ce temps, la nuit est tombée, on ne distingue plus le Machu Picchu. Mais on sait qu'il est là et qu'il devient le prochain objectif de notre trek.
Jour 4 - Se réveiller avec le Machu Picchu et s'endormir dans un vrai lit

Lorsque j'ouvre les yeux, c'est avec excitation que je me redresse pour ouvrir la tente. J'ai passé une nuit merveilleuse, très différente de ma dernière expérience en tente. Alors, c'est pleine d'enthousiasme que je m'attaque à la fermeture éclair. Le Machu Picchu devrait s'offrir à nous avec un merveilleux lever de soleil ! Et là, c'est le drame, on se réveille dans un épais brouillard où j'aperçois à peine deux silhouettes équines marcher devant la tente. Un petit rire m'échappe devant la situation que je trouve plutôt comique et je rejoins la chaleur de mon duvet. On attend alors sagement notre thé de coca et on écoute les gens autour de nous se réveiller. On écoute aussi leur déception à chaque ouverture de tente. Mais au moins on peut dire qu'on se réveille la tête dans les nuages !
Puis, petit à petit, tout le monde reprend son rythme matinal, jusqu'au petit déjeuner. Celui-ci a une saveur particulière car il est notre dernier en itinérance. Et, dès que l'on sort de table, une vue époustouflante s'offre à nous ! La chaîne de montagne sur laquelle est construite le Machu Picchu se dégage un peu. On se rappellera toute notre vie de cette vue si magique. De ces crêtes qui paraissent si tranchantes. Et pour élever la beauté du tableau, des nuages serpentant de partout et se levant petit à petit pour découvrir la majesté de l'endroit. Mais les nuages enveloppent le Machu Picchu comme pour nous garder la surprise un peu plus longtemps. Comme pour nous dire de nous mettre à nouveau en route si on veut le mériter.
Juste avant de reprendre le chemin c'est shooting photo et démonstration d'une technique de chasse par notre guide Isaac. Car ce trek ce n'est pas qu'un défi physique et l'émotion que peut nous donner la nature. C'est aussi beaucoup de partage avec nos guides, sur l'histoire du peuple quechua, sur les problématiques actuelles et sur leur vie quotidienne.
La première partie de la journée consiste à descendre sur une pente très raide qui s'enfonce dans la jungle. Pour corser le tout, il y a de la boue et nous avançons lentement et précautionneusement. Cela n'empêche pas certains d'entre nous de faire quelques gamelles, tandis que les porteurs nous dépassent en courant. On reste toujours sans voix devant de telles capacités.

La descente se fait dure pour nos jambes qui ont déjà trois jours de marche et presqu'une soixantaine de kilomètres au compteur. On fait une courte pause devant une cascade, l'occasion de tremper ses pieds ou d'y prendre une douche pour les plus courageux (oui, elle est toujours glacée). Puis vient le plat et nous entrons dans le sanctuaire national du Machu Picchu. Depuis hier, chaque étape symbolise ce rapprochement avec cette merveille du monde et on frissonne d'excitation ! Nous arrivons à Hydroelectrica pour le déjeuner, le dernier repas préparé par l'équipe. Ils nous auront régalés pendant ces quatre jours ! Nous disons au revoir à ceux qui ont rendu cette expérience plus facile et plus magique encore !
Et la partie la plus ennuyeuse commence. En tout cas telle qu'elle nous l'a été décrite. Car, de Hydroelectrica jusqu'à Aguas Calientes (aussi appelé Machu Picchu Village), ce sont trois heures de marche le long des rails du train reliant Cusco à Aguas Calientes. Mais l'entente du groupe est tellement bonne que nous ne voyons pas trop le temps passer. On croise un train, on papote et on s'arrête pour apprécier la faune et la flore. Nos jambes commencent cependant à bien fatiguer et lorsqu'on aperçoit Aguas Calientes, c'est un soulagement et beaucoup de joie qui s'emparent de nous !
On doit quand même traverser tout le village pour atteindre notre hôtel mais quelle chambre ! Le lit est immense et le plaisir de prendre une vraie douche chaude est indescriptible ! Nous voilà propres et prêts pour le dîner au restaurant. On nous distribue nos t-shirts : véritable récompense (matérielle) du Salkantay trek et on termine cette soirée à boire quelques coups.

On va se coucher pas trop tard car le réveil est une fois de plus matinal pour prendre le bus nous menant au Machu Picchu et on veut avoir le maximum d'énergie pour profiter du lieu. J'avais envie d'y aller à pied (il faut gravir 1 200 marches, la montée prend environ deux heures). Kevin, lui, n'était pas très emballé par l'idée. On était quand même deux à se motiver avec un Britannique. Mais bizarrement, après l'avoir vu avec une pinte à la main, j'ai compris que notre plan tombait à l'eau. La nuit sera plus ou moins longue, en fonction des uns et des autres, mais tout le monde est bel et bien au rendez-vous, tôt le lendemain matin. Le Machu Picchu, on l'a mérité !














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