Himalaya, 10 jours plus près du paradis

Après 1 mois à explorer une partie de l'Inde, on est éreintés. Ce pays est si différent de ce dont nous avons l'habitude qu'il nous fatigue, et très vite. Alors les premiers jours dans l'Himachal Pradesh, on a juste profité de la vue, des gens, de l'atmosphère. On a séjourné dans un village nommé Jagatsukh, près de Manali. En réalité, on n'est pas vraiment dans le village non plus. La maison où nous séjournons surplombe le village. Perdus dans les montagnes, on a enfin le bol d'air frais dont on avait tant besoin.

Le lendemain de notre arrivée c'est Divali, la fête des lumières. Pour l'occasion notre hôtesse nous amène visiter un jardin de permaculture tenu par un de ses amis. Après une visite et explication du lieu (très intéressantes !), on se met à cueillir des fleurs pour en faire des guirlandes. Aiguille et fil en main, on s'attelle à 2 à faire notre guirlande. On n'avance pas vite, on s'emmêle, on s'agace presque... Et à côté on voit la guirlande de notre hôtesse avancer à une vitesse... Décidément, on est pas très doués de nos mains. Mais on profite. Dans le froid quasi hivernal, le soleil réchauffe nos visages et on entend les chants des oiseaux. On est tellement heureux d'être là et de partager un moment simple et traditionnel avec les locaux.

Ces guirlandes serviront de décoration pour Divali le soir même. Nous avons eu la chance de célébrer ce jour important en Inde avec des amis et la famille de notre hôtesse. La nuit venue, tous vêtus de nos plus belles tenues (et d'une grosse doudoune par dessus), on est descendus au village. Il faut se guider à la lampe torche car le chemin dans la montagne n'est pas éclairé. Des feux d'artifices éclairant la vallée accompagnent notre descente. C'est tout simplement magique. Chaque foyer s'approvisionne de ses feux préférés et c'est un spectacle pyrotechnique éclectique qui s'offre à nous toute la soirée. On ne sait jamais quand ni où ça va exploser, ni sous quelle forme.

Une fois arrivés dans la famille pour célébrer, on nous accueille par une marque sur notre front avec un grain de riz, censée nous porter bonheur. On finit de décorer l'endroit et on aide à monter un feu de camp. Pour nous Divali se passe au coin du feu allumé dans le jardin, on mange, on parle, on boit et on danse en bonne compagnie.

Mais l'Himalaya c'est aussi l'occasion de partir en randonnée. On essaye d'abord de nous-même mais on comprend vite que la randonnée ici c'est encore un concept très différent de ce dont nous avons l'habitude chez nous... Aucune route balisée et surtout un chemin très étroit pour avancer (juste l'espace pour poser un pied, avec quasiment le vide à côté). D'ailleurs, pour faciliter les choses, après chaque mousson, le chemin change...

Le premier jour de randonnée on a failli perdre Kévin qui n'avait pas vu le trou dans le minuscule chemin... Il n'est pas passé loin de se retrouver sur les rochers de la rivière 2 mètres en dessous. Pour les randonnées suivantes, on n'arrive pas toujours à destination car la nature reprend souvent ses droits sur les chemins et on ne trouve pas toujours d'alternatives. Alors on profite juste de l'endroit, de la vue qu'on a eu tout le chemin, des immenses arbres sous lesquels on a marché, du calme proposé par la montagne.

Parfois on est accompagnés quelques minutes par les chiens errants, qui paraissent heureux de partager un instant avec nous. On se demande même si ce ne sont pas un peu des guides de montagne. Parfois, ils nous accompagnent toute la route, au point de nous suivre jusqu'à notre logement et on évite alors de justesse la confrontation avec Buddy, le chien de notre hôtesse.

On découvre aussi une boulangerie sud-américaine au détour d'une de nos randonnées. Le dulce de leche et un peu de maté sont une pause bienvenue après plus d'un mois à manger indien. Et nos échanges avec le couple bolivo-chilien qui tient cet endroit nous donnent encore plus envie d'arriver sur le continent américain ! Une gentillesse et une bonne humeur débordantes !

Pour nous l'Himalaya c'est aussi là où on fête nos 15 ans de relation. Après en avoir parlé à notre hôtesse afin d'organiser quelque chose d'un peu spécial (une randonnée avec pique-nique et un dîner offert par la maison). On se réveille le jour J et toutes les personnes que nous croisons nous souhaitent un joyeux anniversaire, que ce soit au logement ou au village. On est à la fois surpris et amusés, apparemment les nouvelles vont vite. On commence à se sentir chez nous.

Un jour, un des amis de notre hôtesse nous propose de nous amener en voiture de l'autre côté d'un tunnel pour profiter d'autres recoins encore inexplorés pour nous. C'est alors qu'on s'embarque dans une voiture avec des gens qu'on connaît à peine et pour une durée indéterminée.

Quelle journée ! On en prend plein les mirettes. On découvre des rivières d'un bleu incroyable (ça fait du bien après 1 mois à voir des lacs et fleuves complètement pollués), des montagnes recouvertes entièrement de neige et une route impeccable qui serpente entre elles. On échange sur nos vies respectives, nos métiers, d'où on vient etc... Encore une fois on aime autant la vue que les rencontres de notre journée.

Un autre jour on part se balader à Nagar, un des villages de la vallée. Afin d'y accéder, deux options s'offrent à nous : un taxi, cher, ou le bus local, pas cher. Evidemment on choisit la deuxième option, pour notre porte monnaie mais surtout pour l'expérience. Au moment de partir, celui qui a créé le jardin de permaculture nous demande s'il peut nous accompagner et il se transforme alors en véritable guide. Il nous explique beaucoup de choses, sur les temples, sur Nicholas Roerich, un artiste russe venu s'installer ici il y a plusieurs années, sur sa propre vie... Et une fois de plus on savoure aussi bien les découvertes culturelles que la compagnie.

Pour notre dernier jour en Himachal on va se promener en ville, à Manali. Le trajet en bus local est une aventure en soi. L'état des routes couplé à la vitesse du bus nous font parfois décoller du siège. On est alors pris de fous rire que les locaux se mettent à partager avec nous. De temps en temps on passe par des ponts qu'on ne pensait pas capables de supporter le poids d'un bus, à d'autres moments on a l'impression d'être très près du vide...

Mais on finit tout de même par arriver vivants en ville et on est surpris de la découvrir si paisible. Personne ne nous aborde, peu de klaxons... Définitivement, ici on se demande presque si on est encore en Inde. On se perd dans les ruelles de la vieille ville, on visite un temple un peu isolé dans la forêt, mais surtout on profite de l'atmosphère de ce jour si spécial : la finale de la coupe du monde de cricket. Au détour de chaque bar on peut entendre une télé retransmettant ce moment historique. On se pose dans l'un d'entre eux, tout le monde a les yeux tournés vers le petit écran. L'Inde joue très bien, c'est un beau match !

Après 1h30 on décide de reprendre nos explorations. Partout les gens écoutent la radio, regardent la télé ou jouent au cricket dans la rue. Et d'un coup c'est le drame. On vit en direct le tournant du match. Virat Kohli, le meilleur joueur de l'histoire du cricket indien, se fait sortir. Ce moment restera je pense gravé dans nos têtes, les visages décomposés des indiens, les bruits des spectateurs estomaqués...

On se dépêche alors de rentrer pour vivre la fin de la finale avec ceux qui ont rendus ces 10 jours si merveilleux. Et on finit par partager avec eux l'amertume de la défaite indienne après une coupe du monde si bien menée... Le lendemain on part en traînant des pieds, avec un morceau de nos cœurs laissé à tout jamais dans ces montagne enneigées, près de personnes merveilleuses.