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Chiapas, entre forêt luxuriante et culture indigène forte

  • Isabel
  • 3 août 2024
  • 7 min de lecture

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Avant même de poser un pied au Mexique, avant même de commencer ce tour du monde, j'avais en tête que le Mexique était un pays dangereux. Je l'admets, je n'étais pas très sereine à l'idée de le visiter. Mais rapidement les Mexicains m'ont rassurée. Dans les endroits touristiques il n'y a pas plus de craintes à avoir que dans d'autres villes où nous étions déjà allés. Cependant, il y a un Etat où on nous a déconseillé d'aller depuis le début de notre itinéraire à cause de la situation actuelle. Vous l'avez deviné, c'est celui dont il est question aujourd'hui : l'Etat de Chiapas.


Pour Kévin, c'était impensable de ne pas me faire découvrir cet Etat qu'il avait tant aimé il y a plus de 10 ans. Alors à force de renseignements (auprès des locaux, de la police, des Français y ayant été récemment...) on a fini par trouver un compromis : visiter le Chiapas avec un guide local. Et quelle merveilleuse décision !

Notre arrivée à Tuxtla (la capitale cet Etat du Mexique) en bus de nuit s'est déroulée sans encombre (contrairement à ce qui nous avait été dit). La ville n'a pas grand intérêt touristique alors on en profite pour se reposer et attendre l'heure du dîner. Une des raisons de ce tour du monde est de retrouver des proches ou de rencontrer de nouvelles personnes. Et ce soir c'est un peu des deux à la fois. Une de nos amies en France est d'origine mexicaine et vient spécifiquement du Chiapas. Alors ce soir on va dîner avec un de ses cousins.

Par téléphone il nous donne rendez-vous dans un restaurant où il y a des spectacles de danses traditionnelles. Une fois installés à table nous voyons un homme très souriant et chaleureux arriver, accompagné de sa femme. Tout de suite on nous met à l'aise et la conversation est pleine de richesses ! On voit que ce sont des amoureux du Chiapas. Ils nous expliquent chaque danse qui se déroule sous nos yeux, chaque plat que l'on déguste mais aussi les histoires de familles et la situation actuelle. La soirée passe à une vitesse ! On finit par se séparer mais on n'oubliera jamais leurs sourires, la chaleur dans leurs voix et ce désir de partager une culture dont ils sont si fiers.


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Le lendemain il est l'heure de rencontrer notre guide qui va nous faire découvrir certains lieux du Chiapas. Et une fois de plus c'est un homme avec un sourire allant d'une oreille à l'autre qui nous accueille : Juan ! Au programme de la journée : le cañon del sumidero et la jolie ville de San Cristobal de las Casas. Je dois avouer, savoir qu'on va être dans un bateau qui flotte dans une eau pleine de crocodile ne me rassure pas du tout ! Mais la beauté du lieu et la richesse de la flore effacent rapidement mes craintes.


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Très vite on est entourés de majestueux oiseaux blancs et noirs. Des hérons, des pelicans ou encore des cormorans sont posés sur les arbres longeant le cañon ou volent au dessus de nous. Et puis les grandes stars de ce lieu font leur apparition : les crocodiles ! Ils sont assez discrets et il faut parfois avoir l'oeil ! Ca devient presque un jeu : les voir avant que le conducteur du bateau nous les pointe du doigt ! Soudain, on s'arrête près de quelques arbres touffus. Un peu perdus, on plisse les yeux pour comprendre ce qu'on doit voir ici. Et d'un coup, une famille de singes araignées déboule à toute vitesse le long des branches. Se déplaçant par suspension, ils disparaissent aussi vite qu'ils étaient apparus. Le reste du trajet en bateau se déroule paisiblement et dans l'immensité des parois rocheuses de ce cañon, qui est sur le blason de l'Etat de Chiapas.



On fait ensuite un rapide arrêt à Chiapa de Corzo (plus ancienne ville du Chiapas), où Juan nous explique la symbolique et l'importance de l'arbre de vie des maya et autres ethnies indigènes de la région: la Ceiba. Cet arbre représente les trois niveaux du cosmos : le ciel, la terre et l'inframonde. Puis on fait le tour de l'imposante fontaine qui trône sur la place, construite sur un point d'eau important pour les indigènes à l'époque de la conquête. Héritage colonial, c'est le moment parfait pour notre guide de nous expliquer les méthodes employées par les Espagnols pour convertir et coloniser les indigènes. Pour la faire courte, c'était se convertir ou mourir. Pour certains, l'arbre de Ceiba trônant à côté de la fontaine porterait encore l'âme des leaders indigènes qui ont fait face aux conquistadores.



Nous voilà enfin arrivés à San Cristobal de las Casas, capitale culturelle du Chiapas. Si Chiapa de Corzo était appelé Chiapa de los Indios (des indiens), San Cristobal était elle surnommée Chiapa de los Españoles (des Espagnols). Et à peine arrivés on comprend pourquoi : l'air y plus respirable, on ne sue pas à grosse goutte dans cette atmosphère presque fraîche. En peu de route on est passés d'un soleil de plomb avec un air humide, à l'air de la montagne ! Pour le reste de la journée nous sommes autonomes, alors on se balade dans les ruelles de la ville, on visite monuments religieux et marchés. Bref on savoure sur tous les plans ce que San Cristobal a à nous offrir.



Le lendemain est une journée centrée sur la culture indigène très présente dans l'Etat de Chiapas. Juan nous amène dans le village de San Juan de Chamula. Ce village commence à faire partie des circuits touristiques pour une raison bien particulière : son église San Juan Bautista. N'attendez pas de photos de l'intérieur de l'église, elles sont interdites. Pour les locaux, les photos aspirent les âmes alors on se plie aux règles et on profite avec nos yeux et nos coeurs. À peine entrés dans l'église on se rend compte qu'elle ne ressemble à aucune autre qu'on a pu voir de notre vie. Évidemment la structure est similaire, les images religieuses sont reconnaissables... Mais il n'y a aucune chaise, aucun banc... À la place le sol est couvert de bougies et plusieurs petits groupes de gens sont disséminés dans l'église.

À l'entrée Juan nous indique de gros sacs contenant des épines de pin. Il nous indique discrètement un groupe un peu plus loin et nous explique qu'un rite est effectué par une curandera. Les rites nécessitent parfois des sacrifices, souvent des poules. Alors on découvre cette pratique si éloignée de tout ce qu'on a pû découvrir jusqu'à présent, le tout dans un endroit religieux qui aurait dû être si commun pour nous venant d'un pays catholique.



Ici l'idée du catholicisme est très particulière. Les communautés indigènes ont associé à cette religion leurs croyances pré-hispaniques. Ils se définissent comme catholiques traditionalistes mais avec nos yeux d'européens on se demande ce qu'il reste vraiment du catholicisme. Et c'est incroyable. J'ai l'impression d'assister à un doigt d'honneur face à l'évangélisation de l'Amérique et à la victoire dans cette si longue lutte pour le maintien de l'identité indigène.

Alors qu'on avance vers le fond de l'église, le mayordomo vient remplir ses fonctions. Avec une petite procession il enfume toute l'église de son encens. Le tout sur fond musical jouant Vive le vent (véridique). On se demande dans quelle dimension on est entrée car vraiment tous nos repères sont chamboulés.

On fait demi-tour, pour découvrir que les aiguilles de pin ont été étalées, recouvrant entièrement le sol de l'église. Pas de chaises ni de bancs. Devant s'étend maintenant un véritable tapis vert, crissant légèrement à chacun de nos pas. L'encens, le pin vert, vive le vent... On se souviendra de ce moment pour toujours. Et alors qu'on s'approche de la sortie on croise une nouvelle famille, portant sous le bras une poule noire et blanche. Mon cœur ne peut s'empêcher de se serrer en pensant au destin qui l'attend...



Notre visite culturelle se poursuit dans un village voisin. Ici on nous montre l'artisanat mais aussi les mets succulents. De l'alcool de maïs, des tortillas cuites devant nous avec du bon fromage, et un café doux ! C'est aussi l'occasion de se poser un instant avec Juan et d'apprendre un peu à le connaître.



Pour notre dernier jour avec notre guide, on se lève très tôt car une grosse journée nous attend. A 4h du matin on saute dans la voiture et je m'endors rapidement. Heureusement, à l'avant du véhicule, Kévin fait la conversation à Juan. Lorsque je me réveille, j'aperçois un paysage totalement différent. Le jour s'est levé et je découvre une flore luxuriante, et des nuages bas laissant apparaître peu à peu des paysages en reliefs. A 8h, nous voilà arrivés à notre première étape : Agua Azul. Une série de cascades plus ou moins grandes, se déversant dans des bassins bleu turquoise. A cette heure, nous sommes presque seuls au monde et on en profite pour tremper nos jambes dans l'une des multiples piscines naturelles si paradisiaques.


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Après un arrêt auprès d'une autre cascade (Misol-Ha) nous voilà en route vers un site archéologique dont Kévin m'a tellement parlé ! Palenque. Une des nombreuses cités maya, engloutie par la jungle. La description qui m'en a été faite me donne des images à la Indiana Jones. Et c'est vrai que ce site ne ressemble en rien à ceux visités près de Mexico ou de Oaxaca. La flore n'est pas la même. La chaleur humide non plus. Palenque est notamment célèbre grâce à Pakal I, un des souverains maya les plus connus.

A l'heure actuelle, seul 10% de la cité ont été explorés, le reste restant enfoui dans la jungle. Jungle qui est aujourd'hui protégée, ce qui signifie que le reste des ruines de Palenque restera a jamais caché dans la forêt dense de la région.



Juan nous propose de faire un tour en voiture dans la ville de Palenque, qualifiée de Pueblo Magico. En reprenant ses mots, elle n'a rien de magique. Mais c'est un geste très touchant de sa part et c'est très émus qu'on se sépare de lui à la fin de la journée. On aura visité une magnifique partie du Mexique avec un guide incroyable ! Il est maintenant temps pour nous de continuer vers le Yucatan, toujours sur les pas des Mayas.

 
 
 

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