Vang Vieng et Vientiane, ou l'art de se faire soi-même sa propre opinion

Jusqu'à présent, notre façon de voyager lors de ce tour du monde est un doux mélange de préparation et de décision au jour le jour. Le Laos n'a pas échappé à cette façon de fonctionner.

Kévin, qui apparemment a une passion pour les capitales, voulait à tout prix passer par Vientiane (capitale du Laos, vous l'avez compris). Tous ceux que nous avons rencontrés sur notre chemin nous ont prévenus : Vientiane, aucun intérêt. Bon...

De mon côté, quand je m'étais renseignée sur le Laos avant notre grand départ, j'avais lu beaucoup d'articles décrivant la petite ville de Vang Vieng comme un endroit de fête débridée pour backpackers. Donc pas du tout notre style. On aime bien faire la fête, ça on le reconnait, mais lors de notre voyage ça ne nous attire pas plus que ça. Pourtant, en échangeant avec les autres voyageurs, tous nous disent que Vang Vieng a été un vrai coup de cœur. Ce n'est plus un endroit à la réputation sulfureuse et la nature y est grandiose. Bon...

Alors on réfléchit, car notre temps au Laos est tout de même compté, nous avons quelques impératifs qui nous forcent à cela. Après de rapides calculs on se dit qu'on peut faire un arrêt à Vang Vieng sur le chemin de Vientiane. Oui, car on est un peu têtus et on veut se faire notre propre avis sur cette capitale soi-disant ennuyante.

Alors en route pour Vang Vieng, la ville aux lagons bleus, montgolfières et pics rocheux vertigineux ! Après un trajet de 6h plus que chaotique, on arrive à cet endroit dont tout le monde nous a parlé. Et on ne comprend pas. On découvre une ville presque fantôme. A travers ses bâtiments décrépis et une ambiance de flottement assez particulière, on aperçoit l'ancienne vie de fête de Vang Vieng. Aujourd'hui ce n'en est qu'une pâle copie et on ne sait pas ce qu'on aurait préféré entre la fête et les fantômes.

On part se balader le long du fleuve Nam Song, et une nouvelle fois, on est déçu. Le fleuve est devenu une véritable autoroute de barques motorisées, débordant de touristes. Pas de balade paisible et agréable de ce côté non plus, donc.

Le lendemain, on prend un songthaeo en direction des blue lagoons. On sait que la plupart sont très touristiques mais on a fait quelques recherches pour essayer d'éviter les masses. Lorsqu'on demande s'il est possible d'aller plutôt vers ceux-ci on nous dit qu'ils sont soit fermés soit trop loin. Un peu dépités, on se laisse amener aux lagons qu'on essayait d'éviter. Arrivés sur place, c'est totalement à la hauteur de nos attentes. Des lagons artificiels, dans un bel écrin naturel mais complètement gâché par tout un tas de restaurants et activités telles que des ziplines installés autour. Une horreur.

On se rabat alors sur les grottes permettant un léger répit loin de la foule, quand celui-ci n'est pas interrompu par un groupe de Chinois extrêmement bruyants. Les grottes se méritent, il faut grimper voire escalader pour les atteindre et les explorer mais c'est toujours impressionnant de voir de telle formations rocheuses.

Bref, vous l'aurez compris, on rentre un peu déçus à notre logement. Mais il nous reste une dernière chose à faire avant de partir pour Vientiane : grimper jusqu'au point de vue de Nam Xay. Alors, un peu démotivés, on se lève tôt pour un départ à 7h du matin. On se lance et dès le début le chemin annonce le ton. On a l'impression de monter un perpétuel escalier naturel, composé de roches et de racines. La nature fait que les marches sont très inégales, parfois faciles parfois immenses. Et lorsqu'on pense être arrivés au bout on se rend compte que le plus difficile est à venir : la pointe rocheuse qu'on doit presque escalader, le tout sans rambardes de bambous, qui nous avaient bien aidés jusqu'alors.

Mais une fois arrivés au sommet, quelle récompense ! On a vu sur la vallée et autres monts karstiques. En plus on a de la chance d'être très peu à son sommet pour pouvoir aller d'une plateforme à l'autre et admirer la vue sous toutes ses coutures. Evidemment, on en profite aussi pour faire la photo mythique sur la moto, en se demandant bien comment ils ont réussi à la monter là !

Quand à Vientiane, on a au contraire été agréablement surpris. Effectivement elle n'a pas le charme de Luang Prabang ou des quartiers iconiques comme à Bangkok. Mais on a quand même trouvé des temples originaux, été intéressés par l'histoire derrière l'Arc de Triomphe (Patuxai)... En fait, ce qu'on a peut-être le plus apprécié à Vientiane, c'est qu'on avait l'impression de goûter à une vie laotienne classique (dans une grande ville bien entendu). A la différence de Luang Prabang et son centre historique très touristique, ici on a pu être témoins d'offrandes religieuses par les locaux, découvrir des petites adresses culinaires à chaque coin de rue...

Maintenant que nous avons fait ces deux villes dont on nous a tant parlé, on peut faire notre propre bilan. Vang Vieng, ça doit être plus agréable à faire lorsqu'on loue un scooter (comme beaucoup de destinations en Asie du sud-est) mais que dans notre cas, à part les points de vue sur la vallée, on a été assez déçus. Pour Vientiane, on a trouvé que l'ambiance authentique vaut le coup de s'y arrêter une journée si on veut bien manger et qu'on n'est pas encore en overdose de temples.

Dans tous les cas, le voyage c'est ça : changer de direction, se perdre, se faire son opinion, être déçu, surpris, émerveillé... C'est toujours découvrir et ressentir.