Danser avec Juanes dans le Santander
- Isabel
- 23 sept. 2024
- 4 min de lecture

Les gens nous demandent souvent si on avait tout planifié avant de partir faire ce grand voyage. La Colombie est l’exemple parfait du plan en perpétuel changement. On savait les endroits qu’on souhaitait découvrir absolument. Le reste se fait plus ou moins au fur et à mesure. Lorsque nous sommes arrivés à Bogota, deux choix s’offraient à nous : soit partir à l’ouest vers Salento et ses arômes de café, soit partir vers l’est dans le Santander qui accueillerait le plus beau village de Colombie. Si vous avez suivi nos aventures vous savez que nous avons fait le choix de partir vers l’ouest. Mais le hasard a fait que notre route nous a tout de même menés dans le Santander. Un hasard nommé Juanes.
Il faut remonter à notre passage à Medellin. Après avoir passé ma journée d’anniversaire dans le village magique de Jerico, on sort boire un verre dans les rues de Medellin. Et là, on tombe nez à nez avec des affiches de la tournée d’un des plus grands artistes colombiens ! Le nom vous dit peut-être quelque chose car vous avez sûrement au moins entendu une fois La Camisa Negra. Sincèrement, on vous conseille d’écouter certaines autres de ses œuvres. Il est quand même considéré comme l’un des plus grands artistes latinos de notre époque.
Bref, on se dit que ça serait incroyable de vivre un concert de ce monstre de la musique colombienne dans son pays natal. On regarde les dates, il ne nous faut que quelques secondes pour réfléchir. On peut faire en sorte d’assister à sa dernière date colombienne. Le rendez-vous est pris et c’est pourquoi on se retrouve quelques semaines plus tard dans ce bus de nuit pour Bucaramanga, une ville sans grand intérêt.
Pour s’occuper le jour du concert, on va faire un tour à Girón, village collé à la grande ville. Girón est connu comme le village aux maisons blanches et couleur tabac (dont la production est importante aux alentours). C’est aussi un lieu de pèlerinage majeur. Vous l’aurez compris, Girón attire le tourisme local mais pas vraiment le tourisme international. C’est pourquoi lorsqu’on se présente à l’office du tourisme, une dame nous fait un accueil très enthousiaste. Elle nous montre même une photo des seuls autres Français passés par là il y a quelques années.
Girón est un mignon petit village, on en fait rapidement le tour mais on aime se poser sur sa place principale au pied de la basilique et regarder les Colombiens. On y mange aussi plutôt bien, la viande y est un point central de la gastronomie.
Il est l’heure ! Après avoir galéré à trouver la bonne file d’attente, nous voilà à patienter pour entrer dans la salle du concert. Un vendeur de ponchos contre la pluie nous met toutefois la puce à l’oreille. Pourquoi avoir besoin d’un poncho si le concert est en intérieur ? Une fois la sécurité passée, on se rend compte que ce n’est pas du tout une salle. On a l’impression d’être entrés dans une autre dimension. Nous voilà assis sur des gradins en ferraille, derrière des rangées de chaises de jardins en plastique. Le tout à l'extérieur. On ne sait plus trop si c’est le grand Juanes qu’on est venus voir ou la kermesse de Bucaramanga.

Mais lorsque celui-ci monte sur scène, on peut vous assurer qu’il n’y a plus aucun doute. Pas de première partie. Pas besoin. Sa seule présence enflamme le public autour de nous et tout le monde saute pour se mettre debout ! Le concert va durer plus de deux heures, avec un Juanes en parfait latin lover. Il flirte avec son public, il montre son passé de rockeur et surtout il démontre son talent de vocaliste et d’interprétation.
Cela fait au moins dix ans qu’il n’est pas venu à Bucaramanga (qui semble être une ville importante dans le monde de la musique colombienne) alors il prolonge le plaisir. Heureux de pouvoir partager cet art avec d’autres musiciens, il fait monter des gens du public qui jouent d’un instrument. Quel moment incroyable ! C’est sur cet instant de partage délicieux que ce termine cette belle soirée.
A peine remis de nos émotions de la veille, nous voilà en route pour Barichara, jugé le plus beau village colombien. Très amoureux de Jericó, on doit pourtant avouer que ce village du Santander n’a pas grand-chose à lui envier. Ses maisons blanc et ocre, ses rues pavées et sa relative tranquillité nous ont fait apprécier cette dernière étape colombienne.
Pour notre dernier jour, on s’embarque dans une randonnée sur le Camino Real, nous amenant jusqu’à Guane. Ce n’est qu’une randonnée de 5km, qui peut tout à fait être rallongée jusqu’à faire une parcours de plusieurs jours. Malheureusement le temps commence à nous être compté. On doit d'ailleurs effectuer cette randonnée et le retour du colectivo en 2h. Notre hôtesse nous dit que ça risque d'être compliqué. Le défi est lancé !
Le Camino Real était une voie empruntée par les communautés indigènes de la région. Puis il sera officiellement tracé au XIXe par un allemand du nom de Lengerke. Le fait de ne faire qu’une partie de cette randonnée n’enlève en rien à la beauté du chemin, souvent pavé, passant dans les propriétés agricoles du coin. Sur la route on croise troupeau de chèvre et vautours. On profite de jolies vues sur la Canyon de Chicamocha.

Enfin on arrive à Guane, un village très charmant et moins touristique que Barichara. On n’en profitera pas vraiment car on monte à bord du colectivo qui peut nous ramener à notre point de départ. A temps pour une bonne douche avant notre dernier bus jusqu’à Bogota.
תגובות