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Sur les traces de Pablo Escobar à Medellin et ses alentours

  • kevinbessiere
  • 25 août 2024
  • 6 min de lecture

On ne recule devant rien. Après Ciudad Juarez, on continue notre collection des villes dangereuses à travers le monde avec Medellin, et sa fameuse Comuna 13 où régnaient les cartels et notamment celui de Pablo Escobar. C'est d'ailleurs la principale raison du tourisme aujourd'hui. Ce quartier de la ville a été pacifié, rendu aux artistes qui en ont fait leur terrain de jeu et d'expression. Et aux touristes, qui en ont fait leur lieu favori pour dépenser.



Après un rapide passage par le centre-ville, au milieu des statues de Fernando Botero, natif de la ville, et par le parc botanique, l'occasion de voir un perroquet en liberté, nous voilà partis en direction de ce quartier. Pour l'occasion, nous avions réservé un tour avec Onofre, sur recommandation de Français croisés au Mexique. Il nous avait prévenu qu'il était un peu bizarre. Si bizarre veut dire très accueillant, alors on confirme. A peine arrivés au point de rendez-vous qu'il nous serre dans ses bras et nous offre de l'eau en poche (oui, oui... à percer pour consommer). Maillot colombien fièrement porté sur les épaules, notre guide emmène notre petit groupe à la découverte de la Comuna 13. L'endroit est vivant, animé, avec des petits spectacles de rue tout le long, des boutiques d'art partout, bondé de touristes. Un contraste saisissant avec ce que nous raconte Onofre sur son histoire. Des luttes armées, un système de "frontières invisibles" interdites à franchir, sous peine de se faire assassiner. Selon lui, qui a grandi dans le quartier à ses heures les plus sombres, de nombreuses personnes sont mortes car elles ne pouvaient plus sortir de chez elles pour aller travailler ou faire les courses, de peur d'y laisser la vie. Maintenant, tout va pour le mieux (ou presque, on y reviendra) et les enfants peuvent jouer au foot sur un terrain tout neuf. Ce même lieu qui servait de terrain d'exécution dans le passé...



La grande particularité de la Comuna 13 réside dans ses... escalators. Medellin, à l'image de Bogota, a été construite dans une vallée et s'est étendue comme elle pouvait sur les montagnes environnantes. Pour en faciliter l'accès, la ville a donc installé des escalators, longés par tout types de boutiques. Nous qui pensions avoir tout vu en Inde... Notre guide effectue quelques petites pauses en route, pour assister à un show de danse, un petit rap, un autre show. Puis on quitte la ferveur de ce quartier. Toujours dans la Comuna 13 mais pas celle pour les touristes, la vraie. Onofre aime sa ville, il en est fier et en connaît les moindres recoins. Et ses habitants, qu'il salue avec toujours le même sourire. On prend le bus pour s'arrêter à une petite boutique où on a le droit à une petite dégustation de produits locaux. Idéal pour reprendre des forces après une longue promenade. Mais ce n'est pas fini. On doit aller encore plus haut pour pouvoir assister au coucher du soleil. On ne croise plus grand monde sur le chemin, jusqu'à s'arrêter dans un bar, avec vue sur Medellin. Rapidement, on nous fait savoir que l'endroit servait avant pour les snipers à surveiller les entrées du quartier et les fameuses "frontières invisibles". Et on nous fait comprendre que, si on est là, c'est parce qu'on est avec Onofre. Les cartels existent toujours, font toujours plus ou moins la loi dans cette zone mais ont décidé de faire la paix. Le tourisme rapporte plus que le trafic et de s'entretuer. Celle qui accompagne Onofre pour nous faire visiter nous glisse même que le guide paie un droit de passage pour pouvoir emmener des touristes là où nous sommes. Tout ne va donc pas pour le mieux.



Mais l'expérience reste dingue à vivre. Jusqu'à se retrouver face à un ancien paramilitaire. Il nous raconte comment il a échappé au cartel qui voulait l'enrôler, comment il s'est engagé avec les paramilitaires, des groupes d'autodéfense. Et les séquelles qu'il en garde. Un témoignage poignant au cours duquel on comprend que tout n'a pas été rose dans sa vie pour qu'il soit encore là pour en parler. Aujourd'hui, tous les anciens membres de ces groupes armés se côtoient dans la rue, les supérettes, le bus mais personne ne parle, personne ne cherche à connaître le passé de l'autre, de peur de tomber sur un vieil ennemi. Ou sur l'assassin d'un de ses proches...

On quitte le domicile de notre témoin privilégié de l'histoire de la Comuna 13 pour rejoindre notre point de départ, encore un peu sonnés par tout ce qu'on a appris dans cette journée. Après un petit plat typique, un burger, on rentre à notre logement pour la suite de nos aventures, autour de Medellin.



Pour l'anniversaire d'Isabel, nous avons décidé de passer la journée à Jerico, un petit village à trois heures de Medellin. Réveil très matinal, en route pour un bus. On arrive en fin de matinée et on réserve vite le ticket retour. Bien nous en a pris car il ne restait pas beaucoup de places. A l'image de Salento, on apprécie vite ce petit village typique colombien. Le tour est vite fait mais agréable. D'une église à une autre, on se balade dans les ruelles. Jerico est la ville natale de Laura Montoya, première colombienne canonisée. Sa statue se situe devant l'église au centre du village. De laquelle on va prendre un peu de distance et de hauteur pour apprécier le paysage. Après être redescendus et avoir mangé un autre plat typique, des pâtes, nous finissons notre petit tour par une pâtisserie locale, sèche mais bonne. Avant de nous mettre en quête de l'artisanat local. Isabel avait entendu parler d'un fabricant de sacs très sympathique, avec vue sur son atelier. On trouve une boutique où on pense être au bon endroit mais... pas d'atelier. Et pas convaincus par les sacs. Ces carriels sont des sacs typiques de la région, utilisés à l'époque par les muletiers pour traverser le pays. Ils comportaient douze poches, dont cinq secrètes, et chacune avait une utilisation bien précise. Notre bus pour le retour nous laissant encore un peu de temps libre, nous flânons dans les rues. Et autant dire que ça valait le coup. Car on trouve LE fabricant. Passionné et passionnant, il nous explique ce qu'il fait mais aussi que son artisanat est en voie de disparition, qu'ils ne sont plus qu'un dizaine à faire ces sacs contre des centaines, quelques années en arrière. Et Isabel est vite conquise par ce qu'il fait. Sous le charme, la voilà avec son cadeau d'anniversaire ! Même si on a bien cru ne jamais pouvoir l'acheter, la boutique ayant fermé le temps d'un aller-retour pour retirer de l'argent. Heureusement, notre artisan veillait depuis le balcon d'en face, où il était parti se prendre un petit goûter.



Sur le chemin du retour, on prend le temps de se reposer. La journée du lendemain s'annonce encore chargée. Cette fois, on va un peu moins loin, à Guatapé. Ce village est réputé pour son énorme roche au sommet de laquelle on peut aller grâce à des escaliers taillés en son milieu. Une ascension difficile, avec 700 marches au programme, mais qui offre un panorama sur tous les alentours. On préfèrera quand même le village de Guatapé, même si beaucoup moins authentique que Jerico. Il est connu pour ses zocalos, des bas-reliefs sur les constructions. Mais un village rempli de boutiques pour touristes et donc... de touristes. Pas vraiment notre kiff. La journée se termine par un tour en bateau, sur des lacs artificiels jouxtant la fameuse roche. Le début de l'excursion se fait donc au-dessus d'un ancien village inondé et déplacé quelques kilomètres plus loin. Une croix a été installée au-dessus de l'eau, rappelant l'emplacement de l'église de ce village. On aperçoit aussi la Finca La Manuela, le deuxième domaine préféré de Pablo Escobar, aujourd'hui en ruines. Mais aussi les maisons des footballeurs colombiens David Ospina et James Rodriguez.



Après cette nouvelle journée intense, une bonne nuit de repos ! Dans un bus... Nos affaires nous ont suivies toute la journée pour qu'on puisse prendre un bus de nuit en direction du nord du pays. Pour vraiment se reposer un peu, au bord de l'eau. Après avoir vécu dangereusement à Medellin, on décide se la couler douce.

 
 
 

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