Varanasi, la ville sacrée
- Kevin et Isabel
- 31 déc. 2023
- 3 min de lecture

Pour les hindous, il faut venir au moins une fois dans sa vie à Varanasi. Et si possible y revenir pour sa mort.
Considérée par certains comme la capitale religieuse hindouiste, cette ville mélange ferveur religieuse et tourisme de masse. Les cérémonies matinales et nocturnes se transforment presque en véritable show devant la masse de touristes qui se tassent sur les ghats.
Pour nous c'est la dernière étape en Inde avant de retrouver la famille de Yash. Cette ville légendaire, on l'atteint après avoir enchaîné 2 bus de nuit depuis Manali (dans l'Himalaya). Construite en bord du Gange, ses 84 ghats plongent dans ses eaux sur 6 km. Le Gange est l'un des fleuves les plus sacrés au monde, considéré par les hindous comme une déesse à part entière nommée Ganga.
Sur les conseils de celle qui nous avait accueilli dans l'Himalaya, on rentre en contact avec un guide : Raju. Il nous récupère à notre logement à 5h15 du matin et on part pour une visite guidée piétonne sans trop savoir ce qui nous attend. Raju nous a juste expliqué qu'on découvrirait la "Varanasi cachée".

On le suit donc pour la cérémonie matinale, appelée Arti. On observe, assis en silence, les brahmanes effectuer leurs gestes rituels, face au Gange. C'est magnifique. Leurs tenues orange et les flammes contrastent avec le noir de la nuit. La lumière du jour commence à pointer, sans pour autant laisser apparaître le soleil qui se cache dans un brouillard épais. La nuit laisse la place au jour. Les religieux laissent la place à une séance de yoga en plein air.
Raju, originaire de Varanasi, nous explique que les hindous voyagent de toutes part de l'Inde jusqu'à Varanasi pour se baigner dans le Gange. Pour eux cela revient à se laver de leurs péchés.
Puis on s'assoit avec lui près d'un ghat de crémation. Les hindous brûlent leurs morts. À Varanasi, si la famille peut payer, cela se fait en plein air. Alors nous voilà, à regarder quelqu'un préparer un bûcher. Notre guide nous explique qu'il existe 4 catégories de personnes qui ne sont pas brûlées une fois mortes. Les jeunes enfants, les femmes enceintes, les sans-abri et les Brahman. Tous sont considérés comme sacrés et on laisse alors leurs corps dans le Gange. D'un coup, regarder tous ces gens se baigner dans le fleuve en sachant que des corps sont au fond de l'eau nous font voir l'endroit différemment.

Notre visite continue par une déambulation dans le labyrinthe de Varanasi (un enchaînement vertigineux de ruelles étroites). On finit par se poser boire un lassi dans l'une d'entre elle. Le lassi shop se trouve dans la rue qui mène au plus grand ghat de crémation. Les morts y sont brûlés 24h/24 et plusieurs à la fois. Et pendant qu'on déguste notre douce boisson lactée, on regarde les corps (cachés et portés sur une sorte de brancard) défiler sous nos yeux. Définitivement, on se dit que le rapport à la mort est bien différent du nôtre en Inde.
Outre la visite de la ville, l'autre principale attraction de Varanasi reste la cérémonie religieuse du soir, au Ghat Dashashwamedh. Des centaines de personnes se massent aux alentours pour y assister, les autres y vont en bateau. Après un rapide tour sur le Gange, toutes les embarcations se retrouvent à ce ghat, avec l'espoir d'y trouver une bonne place pour leurs passagers. Un véritable bordel organisé, comme sur la route, où les "boatmen" s'appuient sur les bateaux autour pour stabiliser le leur. Avant le grand départ, où chacun joue un peu sa partition pour rentrer à bon port. Pas toujours rassurant.

On est partis quelques jours seulement avant une grande fête religieuse, où plusieurs millions de personnes étaient attendues. On n'ose pas trop imaginer le même cirque sur l'eau. Mais, pour nous, il était temps de rentrer vers Mumbai pour un dernier adieu à l'Inde. Même si les transports n'ont pas toujours étés d'accord avec notre programme (6 heures de retard en bus, 10 pour le train...). Mais c'est une autre histoire, bien loin des préoccupations des Hindous à Varanasi.
Un lieu de folie touristique? Sérieusement?!!🙄 En effet le rapport à la mort doit être vraiment différent...😮 Et votre capacité à vous trouver les guides qui vous font parcourir les chemins hors pistes et les plus underground me laisse chaque fois bouche ouverte. 😘 Merci pour cet article si bien rédigé Kévin! 😍