Une parenthèse caribéenne à Rincón del Mar
- Isabel
- 27 août 2024
- 5 min de lecture

Lorsqu'on arrive en Colombie, il faut savoir qu'on a énormément enchaîné en Nouvelle-Zélande et au Mexique. Deux pays magnifiques, où l'on n'a pas envie d'en perdre une miette. Et c'est un piège ! Alors en Colombie, la fatigue se fait vraiment ressentir. Le stress et l'épuisement sont au maximum lorsqu'on tente de profiter de Medellin et ses alentours et on prend la décision de se poser quelque part. Le temps de reprendre nos forces et l'envie de continuer. Et Rincón del mar est le lieu parfait pour ça.

Après trajet de nuit en bus jusqu'à San Onofre et une trentaine de minutes en tuktuk (qui nous a rendus nostalgiques de l'Asie), nous voilà arrivés chez Isabelle. Elle est québécoise et vit ici depuis des années. Son auberge est simple mais très cosy, pleine de vie avec le chat, le chien et la bonne humeur de notre hôtesse. Et surtout, on est vraiment les pieds dans l'eau. La porte donne sur le sable de la plage, où hamacs et chaise font face aux caraïbes. Une dizaine de pas et nous voilà en train de goûter à l'eau chaude d'une mer calme et translucide. La température est parfaite pour Kévin et moi je me sens en sécurité dans une eau si claire.
Rincón del mar commence à être une destination touristique, surtout dans la communauté francophone, pour autant le village et ses rues en terre battue dégagent encore une certaine authenticité et un tourisme très tranquille. On est loin de l'expérience de la veille à Guatapé.
On est à Rincón pour se détendre mais on en profite aussi pour faire quelques activités proposées par les villageois. Alors le premier soir on monte dans une barque qui est censée nous amener voir le plancton bioluminescent. Mais nos guides font un petit arrêt devant un ilot qu'on voyait au loin depuis le village. On l'appelle l'île aux oiseaux et on comprend pourquoi. Sous nos yeux se déroule un spectacle empli de magie. Alors que le soleil se couche doucement sur les eaux caribéennes, les oiseaux volent par dizaine au dessus de nos têtes pour venir passer la nuit ici.
Nos guides nous indiquent qu'on peut se mettre à l'eau sans danger, l'endroit est peu profond. Alors on se jette tous à la mer et le moment est encore plus délicieux. L'eau, toujours aussi chaude et transparente. Les oiseaux, toujours aussi nombreux et majestueux. Et le soleil, en toile de fond, qui nous offre encore un beau spectacle. Petit à petit d'autres bateaux arrivent, et le groupe s'agrandit. On se dit qu'on a eu de la chance de pouvoir profiter du moment presque seuls au monde quelques instants.
On remonte à bord de la barque et on prend la direction de la mangrove. Nous voilà enfoncés au milieu de ces arbres denses, les racines enchevêtrées les unes entre les autres, glissant sur une eau sombre. Et plus on entre dans le lieu, plus la luminosité baisse. Jusqu'à déboucher sur un grand lac, telle une clairière au milieu de la mangrove. La barque ralentit. Jusqu'à lâcher l'ancre. Il fait nuit noire. Il n'y a plus un bruit et nous sommes uniquement deux bateaux sur l'immensité de l'eau. C'est le moment où il faut sauter, si on veut voir le plancton s'allumer. Je passe mon tour. Mais Kévin fait partie des premiers courageux !
Au début rien ne se passe. Puis à force de nager autour de notre embarcation, on finit par voir des lumières blanches accompagner chaque mouvement. Encore une fois c'est un moment enchanté qui s'offre à nos yeux. Cela fait maintenant plusieurs dizaines de minutes que je vois tout le monde s'amuser comme des petits fous à faire des figures avec le plancton. Alors je prends mon courage à deux mains et je me jette à l'eau. J'ai l'impression de plonger dans un jacuzzi. L'eau est encore plus chaude qu'avant. Une fois la surprise estompée, je commence à agiter mes bras et mes jambes. Et je vois l'eau s'allumer autour de moi. On redevient presque un enfant, à jouer dans l'eau et à s'émerveiller.
Il est temps de remonter à bord et de rentrer, mais c'est la tête pleine de magie qu'on repart dans la nuit. Avec quand même une petite pointe d'anxiété au ventre. Car le bateau se dirige à la lampe torche et la mer peut vite s'agiter. Au bout de plusieurs dizaines de minutes, on est arrivé et je me détends. Quelle soirée pleine d'émotions !
Le lendemain, c'est une nouvelle excursion dans la mangrove qui nous attend. Mais de jour cette fois ! C'est une visite guidée organisée par l'association Mundo Verde. Cette dernière a pour mission de protéger et nettoyer la mangrove. Car cet écosystème était (et est toujours un peu) la poubelle du village. Lorsque les enfants ont commencé à tomber fréquemment malade ou bien à naître ainsi, certaines personnes du village ont décidé de faire quelque chose. Aujourd'hui ils sensibilisent à ce sujet, même si cela semble très compliqué pour une majorité des locaux.
On découvre notre embarcation du jour, minuscule. Notre guide essaie de me rassurer en me répétant "No es Titanic" (Ce n'est pas le Titanic). Oui, enfin avec 5 personnes dedans, j'ai presque l'impression de voir notre petite barque disparaître sous l'eau... Je retiens ma respiration... On entre dans la mangrove et notre guide pointe du doigt des aigles, des hérons et d'autres oiseaux posés sur les arbres. Il nous explique les différents types de plantes constituant la mangrove.
Puis on met le pied sur la terre ferme et je respire à nouveau. Et cette fois, c'est une autre belle surprise qui s'offre à nous : les paresseux ! Il faut avoir l'œil maion est bien accompagnés ! Notre guide nous explique que, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, les bébés paresseux étaient souvent enlevés et offerts aux enfants comme peluches. Evidemment, cet animal n'a rien à faire à vivre avec les humains. Ils mourraient rapidement de malnutrition et autres mauvais traitements...
Lors de notre balade dans le bois sec, on voit des coraux fossilisés, des crabes... Puis on débarque sur la plage, juste avant le coucher de soleil. C'est là que notre guide se sépare de nous et on termine notre balade en marchant les pieds dans l'eau devant le soleil couchant.

Rincón c'est aussi des rencontres et des échanges. Avec notre hôtesse, Isabelle, qui nous parle de son quotidien en Colombie et de tous ses voyages en Amérique latine. Avec d'autres Français, qui voyagent plus ou moins longtemps comme nous. On parle de nos façons de voyager, de nos retours plus ou moins imminents... De ce que ces expériences nous ont apporté.
Et puis c'est aussi une petite pause culinaire. On n'est pas très fan de la cuisine colombienne, qu'on trouve fade et grasse. Mais au niveau des boissons, on se régale. Les jus, les limonades de noix de coco... On nous parle du cocktail Coco Loco, boisson alcoolisée à base de rhum et de noix de coco. Il est d'ailleurs servi dans la coque de ce fruit. Mais surtout on nous parle d'un restaurant basque. Et pour nous, c'est le moment de retrouver la charcuterie du pays. Elle nous manque tellement qu'on craque le budget bouffe d'une journée juste dans un plateau de charcuterie. Et on peut vous le dire, on ne regrette RIEN !
Pour notre dernier jour, on se lève aux aurores (oui, on sait, on avait dit qu'on était ici pour se reposer...) pour profiter de la faune de Rincón une dernière fois. Alors toujours accompagnés d'un guide, on se balade dans le bois sec. Au rendez-vous, des paresseux, des aigles, des oiseaux dont je ne connais pas du tout le nom en français. Et puis le clou du spectacle : un Toucan et un Pic de Malherbe.
Avant de repartir en tuktuk, je me baigne une dernière fois dans cette eau si merveilleuse. Sa transparence et sa température vont nous manquer.
Comentários