On éveille nos papilles à Arequipa et nos jambes dans le Canyon de Colca
- Isabel
- 15 déc. 2024
- 6 min de lecture

Après un rapide séjour à Lima qui était plutôt mi figue mi raisin, on s'embarque dans un énième long trajet en bus de nuit. Au réveil on découvre un long désert puis des montagnes et des volcans à l'horizon. Nous voilà arrivés à Arequipa.
Et ça fait du bien ! L'ambiance de la ville est très agréable. Notre hôtesse est adorable, souriante et de bons conseils. On file faire un tour dans le centre-ville, à deux rues de notre logement. Sur la place centrale et devant la cathédrale se déroule une immense fête religieuse. Pour l'occasion les gens dessinent avec des fleurs et du sable coloré les pavés.
On savoure un succulent menú del día (menu du jour). Pour 3€ on a droit à entrée plat dessert et boisson. L'occasion pour nous de découvrir la muña, une plante au goût de menthe prononcé. Je vais vite en devenir accro.
Après quelques galères pour obtenir une carte sim, on termine en profitant de la messe en plein air. Pas croyants pour un sous, c'est quand même impressionnant de voir tout ce monde amassé devant les figures religieuses.

Le lendemain nous voilà assis dans un bus chargé de touristes comme nous, partant à la découverte du deuxième canyon le plus profond du monde (le premier est également péruvien). On profite des magnifiques paysages et même des hordes de vigognes que notre bus fait détaler. Pendant le trajet je ne me sens pas très bien. Et arrivés à Cabanaconde (le village d'où nous allons commencer la randonnée), je sens un mal de tête s'emparer de moi. La nuit n'y fait rien. Alors au réveil c'est Doliprane et infusion de Coca. Il faut dire que Cabanaconde est perchée à 3 300m d'altitude. On se met en chemin. On a l'espoir d'apercevoir des condors des Andes, oiseaux emblématiques du Pérou et du peuple inca/quechua.
Première épreuve : trouver le point de départ de notre randonnée de 2 jours. On aperçoit un bâtiment et une dame qui nous fait signe. Pour pouvoir s'aventurer dans le Canyon il faut payer. Cette dame s'occupe du musée Juanita mais aussi de vendre les billets. Alors nous voilà embarqués dans une visite imprévue du musée. Elle nous explique chacun des objets exposés. Des outils et des vêtements remontant aux temps pré-incas. Mais aussi comment vivent les gens aujourd'hui dans le canyon. Elle nous raconte également l'histoire de Juanita, la jeune fille de 13-15 ans retrouvée sur le volcan Ampato non loin d'ici. C'était un sacrifice humain effectué il y a environ 500 ans.

Une fois toutes ces connaissances et nos billets en poche elle nous indique le chemin jusqu'au point de départ. Après avoir fait poinçonner nos tickets, nous voilà enfin vraiment sur le chemin de randonnée. 1h plus tard que prévu. On peut se dire que ça n'est rien mais le soleil cogne fort dans le Canyon de Colca. Alors c'est sans un recoin d'ombre qu'on s'enfonce petit à petit dans ce gouffre immense. Entourés de cactus, lézards et insectes en tout genre (et sûrement d'autres bestioles auxquelles je préfère ne pas penser), on avance doucement mais sûrement. On a beau avaler des kms de petits chemins en lacets, j'ai l'impression que le fond du canyon ne se rapproche pas pour autant.
Au début c'est magnifique. Mais rapidement la chaleur et les jambes se font sentir. Puis on le voit enfin ! Le pont qui va nous faire traverser la rivière. Simple hic, il est en travaux ! Il va falloir attendre 20 min avant de pouvoir traverser. On s'agglutine alors à l'ombre d'un panneau avec les autres randonneurs. Il commence vraiment à faire chaud et soif.
Une fois de l'autre côté une dame nous attend, assise sur un grand rocher. On approche du village de San Juan de Chuccho nous dit-elle, et il ne faut pas hésiter à s'arrêter chez Gloria, un super restaurant. On se doute que la Gloria en question n'est autre que ce petit bout de femme qui nous en fait la pub. Alors amusés on arrive au village et on se pose boire un verre de jus d'ananas. Après près de 3h de marche en plein cagnard, on peut vous dire que c'est délicieux ! On remplit nos gourdes à un robinet et on se remet rapidement en route. Il faut savoir qu'il y a urgence car Kévin espère pouvoir regarder la finale de la Ligue des champions dans le 2e canyon le plus profond du monde. On y croit...

Avant de se lancer dans cette randonnée de deux jours je m'étais préparée. Car ça reste un canyon en altitude et avec beaucoup de dénivelé. Donc je savais que le chemin le plus court était impraticable et que si on ne voulait pas se retrouver à faire de l'escalade il fallait faire un détour. En revanche ce que je n'avais pas lu ou entendu c'était le pont complètement détruit qui permettait de traverser une rivière... Donc finalement nous voilà à escalader et à sauter de rocher en rocher pour atteindre l'autre morceau de chemin. On voulait de l'aventure, on en a eue !
Il nous reste encore 2h de randonnée et Kevin se fait insistant pour arriver à temps à notre étape du jour. Mais il faut avouer que les jambes se font sentir et le soleil aussi. Sur le chemin on est parfois dépassés par des locaux et leurs mules, qui marchent bien plus vite que nous. On aperçoit dans les cours des quelques propriétés qu'on passe des cochons d'Inde. On sait quel sort leur est réservé (c'est un met festif au Pérou).

Enfin on l'aperçoit ! L'oasis de Sangalle, cette tâche verte au fond de ce canyon désertique. Mais le temps qui nous sépare de notre arrivée semble s'étirer comme un chewing-gum... Encore un ultime pont à traverser (je ne suis pas très sereine quand je vois le vide en dessous et que je repense à l'état du dernier pont...) et nous voilà arrivés à l'auberge de ce soir. Il y a même une piscine ! Malheureusement le soleil a déjà disparu derrière les montagnes et il fait subitement frais. Pas grave, on trempe quand même nos jambes endolories dans la piscine. Quel soulagement. Quel encore plus grand soulagement pour Kevin de découvrir que nous avons du wifi au bord de la piscine. Il peut donc regarder la finale de la ligue des champions. Qui l'eut crû ?
Après un pisco sour et une limonade de bienvenue (on n'est pas habitués à ce niveau de luxe lors de nos randonnées), il est l'heure de passer à table. Le moment pour nous d'échanger un peu avec les autres randonneurs. Des Ecossais, des Allemands, des Belges et toujours des Français... Chacun parle de sa journée et d'autres randonnées effectuées en Amérique Latine. Ca donne plein d'images et d'idées plein la tête !

Le lendemain, il ne nous reste plus qu'à remonter de Sangalle à Cabanaconde. Sur le papier, c'est tout droit. En vérité, c'est un chemin serpentant sur 5km avec 1200m de dénivelé positif. Et le tout sans un brin d'ombre. Il paraît que cela prend 3h. Mais n'ayant pas grande confiance dans mes capacités je dis à Kévin qu'il vaut mieux partir un peu plus tôt pour être sûrs.
Il est 6h du matin lorsque nous nous mettons en route. Finalement, il ne nous faudra qu'un peu plus de 3h pour monter, avec quelques petites pauses hydratation régulières. Mais pas de regret, car partir aux aurores nous permet d'éviter le plus gros de la chaleur. Cette montée est un peu émouvante car au fur et à mesure que nous remontons, nous faisons nos adieux à ce lieu si impressionnant où l'on se sent une fois de plus si petit face à la nature. A ce lieu où les habitants nous impressionnent, à vivre dans des conditions si difficiles. Et on a l'impression que le Canyon de Colca nous répond, en nous laissant apercevoir des condors volant au dessus de nos têtes. Comme si à son tour, il nous disait au revoir.
De retour à Cabanaconde, pas de mal de tête. On attend le bus de retour avec quelques Français. On échange sur notre expérience du canyon et nos autres voyages. Pour certains la randonnée a été difficile voire impossible à terminer à cause de la déshydratation. L'eau c'est vraiment primordial dans ce genre d'aventure ! Lorsqu'on part, on essaie d'avoir minimum 2L par personne, une lampe torche, de quoi manger et une petite trousse à pharmacie surtout dans des environnements comme ce Canyon. Car le rêve peut vite tourner au cauchemar.

On revient sur Arequipa et pour se féliciter d'avoir relevé ce beau défi, on décide d'aller dîner dans le restaurant d'un grand chef Péruvien : Gaston Acurio. Chef reconnu au niveau mondial, il est un grand promoteur de la gastronomie péruvienne. Quelle bonne décision. La cuisine péruvienne est savoureuse et ce chef sait comment la mettre en valeur. Après un bon repas, on rentre se coucher, épuisés par nos aventures.
Le lendemain, nous avons la matinée pour visiter le musée de l'alpaca. Là-bas on y découvre comment la laine est travaillée, la différence entre les lamas et les alpacas (mais aussi les vigognes et les guanacos). Il y a aussi une exposition sur l'art textile des différents peuples pré-inca. Puis on va se balader au marché. Notre hôtesse nous a parlé d'un stand de Queso Helado (fromage glacé) alors on se met à sa recherche. Ce n'est pas compliqué, c'est celui avec les articles de journaux affichés. On est reçus par une famille charmante et on observe la fabrication de cette douceur typique. Un peu de cannelle soupoudrée sur le dessus de notre pot et nous voilà à déambuler dans les rues d'Arequipa en goûtant à ce produit laitier particulier. Quelques emplettes et on monte déjà à bord du bus qui nous amène vers notre prochaine destination : le lac Titicaca.
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