L'âme de Buenos Aires, capitale argentine
- Isabel
- 28 avr.
- 6 min de lecture

Buenos Aires est une capitale vivante mais agréable, où on prend plaisir à l'explorer à pied. À découvrir l'identité propre de chacun de ses quartiers. À s'émerveiller devant l'architecture de certains de ses bâtiments. À s'instruire dans ses multiples musées et à se laisser bercer par les notes de tango provenant de chaque coin de rue.

Notre exploration non footballistique de la ville a débuté le lendemain du match Argentine - Brésil. Au programme de ce premier jour : le centre historique de la ville. Et pour commencer en beauté quoi de mieux que la Casa Rosada, palais du gouvernement, siégeant fièrement sur la place de Mai ? Malheureusement aujourd'hui on ne peut plus la visiter (sauf si on fait partie d'un groupe d'écoliers, mais je crois qu'on a passé l'âge). Ça ne nous empêche pas de profiter depuis l'extérieur de ses murs roses et de son asymétrie architecturale.
Toujours sur cette même place se situe la cathédrale métropolitaine. Ses colonnes et son dôme lui donne un air presque Grec. À l'intérieur est enterré une personnalité argentine de la plus haute importance : le Général San Martín, héros de l'indépendance. D'ailleurs c'est avec surprise qu'on assiste au défilé de la garde, venant rendre hommage au Général.

On prend ensuite la direction du congrès mais c'est l'estomac vide qu'on passe devant le plus ancien café d'Argentine : Café Tortoni. Je jette un coup d'œil à la carte et craque. Nous voilà assis dans un café mythique où sont passées des personnalités aussi différentes les unes que les autres : Carlos Gardel, Federico Garcia Lorca, Juan Carlos de Borbón, Albert Einstein, Hillary Clinton ou encore Katy Perry. Des bons churros au dulce de leche, une media luna (un croissant très sucré) et un bon chocolat chaud et nous voilà plein d'énergie pour continuer cette journée.
On file vers le congrès car une visite guidée commence un peu avant 11 heures. Il suffit de pièces d'identité (ou dans notre cas, de copies) pour intégrer la visite. La bâtiment est magnifique, de lourds rideaux bordeaux, des fauteuils et pupitres taillés dans le bois, des colonnes et des vitraux très travaillés. Mais surtout un guide passionné de démocratie qui nous explique en détail le travail des deux chambres (malheureusement on ne pourra pas visiter le Sénat ce jour là car il y avait une réunion ce jour-là). Nous qui adorons comprendre comment fonctionne un pays lors de nos visites on est servis !

L'avenue du 9 juillet nous attend ensuite. L'avenue la plus large du monde ! 16 voies et au milieu un immense obélisque. On décide de se poser à un McDo avec vue sur ce monument trônant fièrement au milieu des marées de véhicules. Sûrement l'une des vues les plus cools du monde. Après avoir repris des forces, on va se promener à la Manzana de las luces, bâtiment jésuite, université et aujourd'hui musée. On fait rapidement le tour (on commence un peu à fatiguer) et on va jeter un coup d'œil à la plus vieille librairie de la ville. Rentrer dans une librairie, c'est s'ouvrir au monde. On déambule dans les couloirs de livres et on a envie de repartir les bras chargés à disparaitre derrière les bouquins ! Il y en a tellement sur l'histoire de la Patagonie et des derniers indigènes, mais il faudra être patient car le sac est déjà bien rempli.
Il nous reste un musée à visiter pour clôturer cette belle journée : le musée du Cabildo. On a fait en sorte d'y être pour l'unique visite guidée de la journée. On préfère toujours un guide à des heures de lecture. L'intérêt de ce musée est qu'il retrace spécifiquement l'histoire de la ville de Buenos Aires ! De salle en salle, on en apprend plus sur comment fonctionnait la ville à l'époque de l'Empire espagnol mais aussi comment la recherche d'indépendance est née. On termine la visite guidée avec une jolie vue depuis le balcon du Cabildo sur la place de Mai. La boucle est bouclée.

Deuxième journée, deuxième quartier. Cette fois, direction Recoleta. C'est un peu loin à pied car Buenos Aires est immense mais on en profite pour s'arrêter devant le Théâtre Colon. D'extérieur il est imposant, en revanche on passe une tête à l'intérieur et on est un peu déçus. Après encore quelques minutes de marche, nous voilà arrivés dans le quartier de Recoleta. Les bâtiments commencent à changer. On sent qu'on est plutôt dans un quartier résidentiel. Des immeubles aux jolies façades (qui rappellent les capitales d'Europe de l'ouest) avec leurs balcons souvent couverts de plantes. On fait un arrêt devant l'ambassade de France qui, avec le Théâtre Colon, fait partie des rares rescapés suite à la construction de l'immense avenue du 9 juillet.

Le plan était ensuite de se balader dans le cimetière de la Recoleta mais le coût de l'entrée nous a bien refroidi. Alors, on se console aux musées des beaux-arts où sont exposés de nombreux artistes célèbres (Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Picasso...). Vous nous connaissez, l'art ce n'est pas vraiment notre truc (à part l'exposition sur l'art pré-colombien) donc on fait rapidement le tour. Avant de rentrer en centre ville on fait un petit détour par Floralis Generica, une sculpture florale qui s'ouvre et se ferme en fonction des rayons du soleil. Malheureusement pour nous elle n'est pas fonctionnelle ce jour-là.

On termine notre deuxième journée par une activité typique de Buenos Aires : un cours de tango. Pour cela, rendez-vous sur la place devant le congrès, à la tombée de la nuit. En quelques minutes on apprend à "marcher" (caminar) lentement et rapidement, à tourner et une figure. Rien qu'avec cette base, on prend plaisir à suivre la musique au rythme du bandoneon. Pour moi, c'est un véritable moment privilégié avec Kévin et le congrès illuminé que j'aperçois par dessus son épaule rend le tout magique.
Troisième journée, troisième quartier. Toujours le même refrain. Pour cette journée il s'agit de découvrir San Telmo, quartier des antiquaires. Mais avant on fait un petit détour par le musée de la Casa rosada (musée du palais présidentiel). Ici, on en apprend un peu plus sur les différents présidents argentins et sur les nombreuses périodes d'instabilité politique qu'a connu le pays.

On sort ensuite se balader dans les rues de San Telmo et on se pose pour déjeuner à son marché. Bien que devenu très touristique, il garde encore quelques recoins d'authenticité et une ambiance un peu bohème. Dans le parc Lezema (qui n'a pas grand intérêt) on fait le tour du musée d'histoire nationale. Il retrace différentes périodes historiques de l'Argentine mais la partie qui nous intéresse le plus est celle concernant l'indépendance et ses héros. D'ailleurs y est reproduit la chambre et la porte de la maison de San Martín, exilé à Boulogne sur Mer ! Lors de notre visite, deux gardes viennent rendre hommage au sabre de San Martin, exposé au fond de la salle. Moment très solennel. Une autre pièce phare du musée est un des premiers drapeaux albicélestes créé par Belgrano. Longtemps perdus, ils ont été retrouvés intacts en Bolivie.

En remontant vers le centre de la ville, on flâne de boutique en boutique, on s'arrête manger une bonne glace et on prend la fameuse photo sur le banc avec Mafalda. Comme il y a 15 ans avec ma mère. Que le temps passe vite.

Notre séjour à Buenos Aires prend fin et pourtant on repasse par la ville quelques jours plus tard, après un weekend en Uruguay (qui mérite son propre récit). Alors, le temps d'une quatrième journée, on part à la découverte d'un dernier quartier : Puerto Madero (le port en bois). Au siècle dernier, le port était fait de bois. Aujourd'hui, rien de tout ça mais la balade le long du fleuve reste agréable. Le quartier est moderne, d'immenses immeubles en verre et en acier, d'anciennes machines (souvenir du passé portuaire) décorent les quais et quelques foodtrucks et restaurants attirent les employés de la zone. Après une bonne pizza, on part s'enfoncer dans la réserve Costanera Sur. Il y a à peine une dizaine d'années c'était une décharge. Aujourd'hui la nature a repris ses droits et c'est devenu un écosystème protégé au milieu de la ville. On se balade en forêt, à l'affût d'oiseaux et de serpents. Pas de reptiles mais quelques perroquets et un héron !
Un peu moins d'une semaine pour découvrir Buenos Aires, c'est à peine suffisant pour toucher du doigt l'essence de la ville. On aurait pu rester des semaines dans la capitale argentine et s'émerveiller chaque jour. Pour beaucoup, elle a des airs de grande ville européenne. C'est peut-être vrai. Mais ce qui est certain, c'est que Buenos Aires a une âme qui lui est propre.
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