En immersion dans une famille de l'île d'Amantani, sur le lac Titicaca
- kevinbessiere
- 3 janv.
- 6 min de lecture

Selon si vous êtes au Pérou ou en Bolivie, on vous dira que le lac Titicaca "appartient" un peu plus à un des deux pays qu'à l'autre. Perché à près de 4000 m d'altitude, il est tout simplement le lac navigable le plus haut du monde. Sur sa rive, côté péruvien, prospère la ville de Puno. Pas la plus charmante ni la plus moche du voyage, elle nous sert juste d'étape avant d'aller naviguer sur les eaux d'un des lacs les plus célèbres au monde. Avant cela, on a quand même le temps d'assister à un spectacle fêtant les 50 ans de la police du tourisme.
Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà partis au bord de l'eau. Nous embarquons avec une trentaine de personnes pour aller sur le lac. Notre premier arrêt se fait sur une des îles Uros, un ensemble d'îles flottantes construites avec de la totora, une espèce de roseau local. Aujourd'hui, de nombreuses familles vivent du tourisme sur cet archipel en constante évolution. Celle qui nous accueille nous explique comment elle a construit son île et comment elle la maintient en état. Ensuite, les femmes de la famille font étalage de leurs productions, la plupart étant des souvenirs du passage chez eux. Le chef propose même un petit tour dans un bateau local pour naviguer entre les différentes petites îles.
Quand ce tour se termine, un autre groupe arrive sur l'île et tout le monde reprend son rôle pendant que nous remontons à bord de notre bateau pour continuer à naviguer sur le lac. Le prochain arrêt est notre terminus, contrairement au reste du groupe qui continuera sa route.
Nous voilà sur l'île d'Amantani, où deux motos nous attendent pour nous la faire traverser. Là-bas, c'est le seul moyen de transport motorisé. Alors, c'est peu à l'aise qu'on monte chacun sur sa moto, avec le sac à dos à gérer pour aller sur des chemins pas beaucoup plus larges que la roue des motos et qu'on traverse l'île. C'est dans un mélange de sentiment d'insécurité et de liberté qu'on file entre les champs. Après 15 minutes à se demander si c'est encore long, nous voilà arrivés à notre destination. Pendant deux jours, nous allons vivre avec David et sa famille. Mais, à notre arrivée, nous avons la surprise de voir leur maison "envahie" de Hongrois, venus pour le déjeuner. Pour la relation privilégiée avec la famille, il faudra attendre un peu.
Une fois que tout ce beau monde est parti, on peut enfin faire un peu connaissance avec nos hôtes, David et Flavia. Notre première activité se déroule d'ailleurs avec elle et consiste à faire des bracelets typiques. A priori, la mission semble plutôt facile mais l'un d'entre nous ne va pas assez vite au goût de Flavia qui termine le bracelet elle-même. Il faut dire aussi que son temps est compté, étant en charge des repas. Nous profitons de notre premier temps libre pour nous rendre au "bureau" de David, à environ 15 minutes de marche. Il s'agit en fait d'un point où on capte un peu de réseau, avec vue sur le terrain de foot de l'île. Non pas que nous étions en manque mais je devais donner une réponse pour un travail en France à notre retour (qui était déjà un peu dans nos têtes...).

Lors de notre traversée de l'île à moto, Isabel avait pu échanger avec le conducteur. C'est ainsi qu'il lui a expliqué que sur ce stade (le seul de l'île) se tient un tournoi chaque année où les communautés de l'île s'affrontent. De quoi donner envie à Kévin de revenir pour cet événement ! Après ce petit moment de connexion, nous rentrons avant la tombée de la nuit à la maison. On se couvre bien car il fait très froid. On peut compter sur le thé de muña (une sorte de menthe) pour nous réchauffer un peu. On discute un peu plus avec nos hôtes, que ce soit de leurs origines, des pratiques sur l'île ou encore du Covid. Le tout en se délectant des plats de Flavia, principalement végétariens car la viande reste un produit de luxe pour eux.
Vient alors notre première nuit sur le lac. On a beau être sous quatre couvertures, habillés de la tête au pied, le froid s'infiltre partout. Difficile, dans ces conditions, de trouver le sommeil... Et le réveil n'est guère mieux, quand on sait ce qui nous attend en dehors de nos couches de couettes... Mais il faut faire un petit effort, surtout si on veut pouvoir se rendre au marché de l'île. Pas de fruit ou légume sur place, les habitants produisent eux-mêmes le nécessaire. Mais de la viande sur un tapis de sol (pour le respect de la chaîne du froid, on oublie), des produits d'entretien, de beauté, des sodas, des bouteilles à gaz... Un marché atypique, avec les vendeurs venus et repartis en bateau.

Après cette petite balade matinale, nous avons rendez-vous avec le père de David pour découvrir la récolte de fèves. Malgré son âge, il continue d'aller dans les champs tous les jours. Après nous avoir montré sur quelques mètres comment faire, il nous donne les outils pour prendre le relais. Le temps de récolter sur une petite partie de la parcelle, on charge ce qu'on a récolté et on repart vers la maison, où on récupère les fruits en les détachant de leurs tiges. Un travail long et minutieux mais qui permet encore de créer un échange et de se rendre compte de tout un mode de vie.
Dans l'après-midi, un autre Français nous rejoint dans la famille. Il a lui aussi le droit à sa petite conception de bracelet avant qu'on ne parte ensemble, accompagnés du fils de la famille, au sommet de l'île. Pour y découvrir le temple de Pachamama, dédié à la mère Terre. Même si on est au Pérou depuis quelques jours maintenant, l'ascension reste rendue difficile par l'altitude. Le long du chemin, on voit quelques vendeurs ambulants et on comprend vite leur présence au fur et à mesure qu'on voit les groupes se diriger vers le temple.
Arrivés en haut, on nous explique qu'il faut faire trois tours du temple en priant pour le travail, l'amour et la santé, en glissant à chaque fois une feuille de coca entre les pierres. Pendant ce temps-là, notre guide du jour s'assoie non loin et profite de ce moment pour... rester sur son téléphone. On ne va pas se mentir, on fait un peu pareil. Mais on savoure surtout le coucher du soleil et les couleurs sur le lac qu'il nous offre.
La nuit bien installée, on reprend le chemin de la maison, au grand dam du fils de David qui serait bien resté un peu plus longtemps pour profiter du réseau. Un dernier dîner avec la famille, avant de repartir vers Puno. Durant lequel notre hôte en profite pour jouer un morceau de flûte traditionnelle.

Malgré une nouvelle nuit rendue difficile par le froid, on se réveille tôt pour prendre à temps notre bateau. On a quand même le droit à notre photo souvenir avec David et Flavia, en tenue traditionnelle. Un dernier petit déjeuner, avec des pancakes de quinoa, une des bonnes surprises du séjour sur place. David nous accompagne alors vers l'embarcadère. On se rend compte de sa popularité sur l'île à sa manière de saluer tout le monde en passant. Il faut préciser que, lors de notre passage, il était le "chef" de son quartier, un rôle d'un an qui consiste à décider des travaux, aménagements de sa partie de l'île. Une sorte de maire finalement.
Avant de revenir à notre point de départ, on s'arrête avec notre nouveau groupe (mais le même guide qu'il y a deux jours) sur une autre île, celle de Taquile. Même si nos sacs peuvent rester sur le bateau, il faut quand même monter jusqu'à la place centrale du village. L'île est connue pour ses nombreuses arches mais aussi pour ses habitants, vivant de manière plus traditionnelle que leurs voisins d'Amantani. Ils proposent ainsi une initiation à la danse, une démonstration des produits locaux tels que de la lessive ou du shampoing faits main.
Pendant notre déjeuner sur place, on assiste à un défilé de l'école de l'île, avec tous les enfants en habits traditionnels. On était la veille du jour du drapeau, la fête nationale péruvienne. Tous étaient donc sur la place pour rendre hommage à leur drapeau blanc et rouge. C'était aussi le moment de rencontrer de nouvelles personnes, comme un groupe de copines espagnoles avec qui, on ne le savait pas encore, on allait passer deux jours. Notamment notre dîner à Puno. Après avoir laissé nos affaires à la gare routière pour prendre le bus de nuit vers Cusco, on a pu visiter le musée municipal, retraçant l'histoire autour du lac Titicaca et son exploitation. On a ensuite retrouvé nos nouvelles amies du jour pour le dîner pour ensuite se diriger vers notre bus de nuit. Qui va nous amener vers le lieu certainement le plus attendu de notre séjour péruvien, Cusco.
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