Deux jours à bord du slow boat pour rejoindre Luang Prabang
- kevinbessiere
- 11 janv. 2024
- 3 min de lecture

Rarement un moyen de transport aura aussi bien porté son nom. Pour rallier le Laos, on avait choisi l'option du slow boat : 14 heures de bateau réparties sur deux jours pour descendre le Mékong depuis la frontière avec la Thaïlande jusqu'à Luang Prabang, notre première étape laotienne.
Grâce à Dada, notre hôtesse à Chiang Rai, tout était réglé. Un minivan vient nous chercher à la guesthouse et nous amène au poste frontière où on nous tamponne notre passeport de sortie du territoire. Puis on prend un bus... pour traverser un pont. Il nous dépose au poste de frontière du Laos, où on doit faire notre visa. Le tout en pouvant payer en US dollars, kip (la monnaie laotienne) et bath (la monnaie en Thaïlande). Les Laotiens acceptent le dollar mais exigent des billets parfaits pour ne pas se les faire refuser par la banque. Ce qui complique évidemment beaucoup de choses, quand en plus le distributeur sur place ne délivre que des kips. Après une longue vérification des billets un par un, nous prenons, avec Italiens, Néerlandais, Finlandais et Danois la direction du Mékong, notre "route" pour les deux prochains jours.

Il ne faut pas s'imaginer un bateau de croisière avec des cabines (même s'il existe, évidemment pas au même prix). Pour se faire une idée, on se retrouve dans un bateau très long, avec des sièges de bus à l'intérieur, pouvant accueillir une centaine de personnes. A l'arrière, une petite buvette pour se restaurer, pour ceux qui n'ont pas prévu. Au début du trajet, on est émerveillé par la nature environnante avec, à notre gauche le Laos et à notre droite la Thaïlande. Le tout sur un Mékong où il n'est pas toujours facile de naviguer, entre rétrécissements et rochers d'un côté ou de l'autre, obligeant le capitaine à être toujours vigilant.
A bord, quelques discussions de voyage, savoir qui vient d'où et qui va où, pour combien de temps, avec quel itinéraire. Le peu de locaux à bord descend à des endroits improbables, où on n'aurait pas pu imaginer qu'il y avait de la vie. Certains descendent même avec un scooter qui était installé sur le toit du bateau. Un vrai bus. On arrive vers 17 heures à notre escale pour la nuit, Pak Beng, un petit village, au moment du coucher de soleil. La nuit tombe ensuite très vite, à tel point que le Mékong, pourtant immense, semble avoir disparu avec l'obscurité.
De retour sur la terre ferme, un tuk tuk nous récupère pour nous amener à l'hôtel pour la nuit. L'occasion de discuter avec encore d'autres personnes présentes dans le bateau. Dans la chambre, on repère quelques meilleurs amis d'Isabel, des lézards. La nuit se passera donc avec la lumière allumée et leurs doux chants comme berceuse.
La courte nuit terminée, c'est reparti pour au moins sept heures de bateau. Dans le tuk tuk, on sympathise avec des Suisses, avec qui on va discuter une bonne partie de la matinée et qu'on retrouvera par la suite dans nos aventures. L'ambiance est bonne, un Français devant nous apprend même à un petit Laotien à faire le signe de Jul.

Sur ce nouveau bateau on a cette fois l'opportunité de sortir sur le "pont". C'est un endroit magique où tout le monde discute avec tout le monde. D'un côté il y a un ancien maire français qui malgré son accent et vocabulaire limité arrive à faire des blagues à son auditoire allemand, portugais ou encore belge. D'un autre on écoute un duo convaincre une jeune fille que voyager à vélo pour découvrir le monde est la meilleure chose sur Terre. Et tout à l'avant du bateau on retrouve deux hommes assis les pieds dans le vide, au dessus du Mékong qui défile lentement, en train de lire et profiter du soleil. Et pour se déplacer d'un groupe à un autre c'est un petit défi car le pont est couvert de sacs de riz et autres affaires que les locaux amènent avec eux.
L'arrivée est accueillie comme un soulagement pour tout le monde. Plus qu'une vingtaine de minutes en tuk tuk et on quitte nos partenaires de traversée. On va en recroiser certains durant notre périple au Laos, pays où il est compliqué de sortir des sentiers battus. Ce slow boat restera une bonne expérience, même si elle n'a pas toujours été un long fleuve tranquille.
La preuve que vous êtes deux Français exceptionnels: vous avez sympathisé avec des Suisses (ils affirment pourtant que les Français sont détestables)! 😁. Merci Kévin pour ce récit toujours passionnant, plein d'émotions et d'humour.