Comme un goût de Tequila en Jalisco
- kevinbessiere
- 10 juin 2024
- 7 min de lecture

Après 10 jours à être chouchoutés et en sécurité, il est temps pour nous de faire nos premiers pas au Mexique en solo. Première étape : Guadalajara.
Pour y arriver depuis Juarez, c'est un bus de plus de 20 heures qui nous attend et une traversée du désert. Littéralement. Après un énième long débat sur pourquoi on y va en bus et pas en avion (on ne le gagnera jamais celui-là), nous voilà installés dans notre premier bus mexicain. Si vous avez vu le sketch de Florence Foresti sur l'avion de Barbie, je vous le dis : rien à voir.
On découvre, comme des gosses, qu'on a chacun un écran et que les films proposés sont plutôt pas mal ! Finalement, le trajet va peut-être nous paraître moins loin.
Après 2-3 films mal doublés en espagnol (et parfois bipés ou floutés pour conserver la décence des Mexicains), quelques heures de sommeil et un peu de grignotage : nous voilà arrivés dans la 2e plus grande ville du pays.

Quand on regarde sur Maps, Guadalajara fait peur avec son immense plan parfaitement quadrillé d'une multitude de rues. Mais une chose nous rassure. On est peut-être un peu lâchés dans la nature mais ici on a quand même un refuge. Juste avant de partir de Juárez, une dame et connaissance de Kévin nous a proposé de contacter la tante de son ex-mari qui habite à Guadalajara. Et c'est comme ça que, deux SMS plus tard, nous voilà à être hébergés par une dame qu'on ne connaît absolument pas. Ah l'hospitalité des Mexicains, ça me surprendra toujours.
Alors même si ça me fait personnellement peur de découvrir ce pays dont j'ai entendu tellement de choses terrifiantes, je me rassure en me disant qu'une fois de plus, on n'est pas complètement seuls. Une fois arrivés chez eux on est reçus comme des rois, à la Mexicaine... Ils nous ont préparé notre chambre, on a notre salle de bain privée. Et Carmen nous a même préparé un dîner. Carmen, que nous ne connaissions pas cinq minutes plus tôt rappelons le.
À table on échange les histoires de nos voyages respectifs (ils voyagent beaucoup en Europe avec leur fils) et, au fur et à mesure, on commence à se sentir à notre place. Je pose quelques questions à propos de la sécurité de Guadalajara et on me rassure tout de suite : le centre-ville est safe la journée et les transports en commun aussi. Aucun souci à se faire !
Alors le lendemain, nous voilà à déambuler dans Guadalajara. Après trois mois en Asie, deux mois en Océanie dans des pays très récents architecturalement parlant, et dix jours dans une ville qui n'a pas vraiment d'intérêt architectural... Être à Guadalajara ça fait du bien ! On retrouve nos repères : des places très espagnoles, de vieilles églises... Beaucoup, beaucoup de vieilles églises ! Ça nous fait sourire ça d'ailleurs. On repense à l'Asie du Sud-est où on a eu une overdose de temples bouddhistes, mais on se dit qu'ici on risque de faire la même chose avec les églises.

On visite le musée du journalisme, qui a actuellement une exposition sur les femmes dans le journalisme mais aussi sur les combats féministes récents. Et si je vous disais que j'avais été rassurée à propos de la sécurité, la une du journal du jour va vite doucher tout ça.
Une carte du Mexique est affichée en grand avec certains de ses États ressortant en rouge. Pourquoi ? Eh bien ce sont les Etats où des candidats politiques ont été assassinés ces six derniers mois. Et laissez moi vous dire que ça ne se compte pas sur les doigts de la main mais plutôt en dizaine. Et parmi ces Etats qui ont l'air donc particulièrement sous tension, il y en a certains qui se trouvent sur notre itinéraire des jours à venir...
C'est un peu sous le choc de cette une qu'on continue à visiter le centre de Guadalajara. La cathédrale, le musée Cabanas, ses places, ses statues... C'est beau, c'est vivant. On déguste aussi une spécialité régionale : la torta ahogada. Il faut imaginer une torta comme un bon sandwich. Ici elle est "ahogada" ça veut dire qu'elle est noyée dans une sorte de sauce tomate un peu pimentée.

Le soir on rentre chez nos hôtes et ils nous expliquent que ce soir c'est tacos. Et pas n'importe lesquels : ceux du stand de leur quartier, qui apparemment sont un délice. Alors on fait la queue avec eux, on leur raconte notre journée pendant que le soleil se couche sur Guadalajara offrant un ciel joliment coloré. Ils nous expliquent les différents noms qu'on peut donner aux tacos et aux quesadillas en fonction des ingrédients qui les composent.
On s'assoit sur les petites tables en plastique à côté et ils n'avaient pas menti ! Les tacos sont vraiment délicieux. La viande est un régal. Avant de rentrer ils nous font visiter leur église, qui est plutôt moderne comparée à ce qu'on a pu visiter le jour même. On échange sur la religion, sur la part qu'elle peut prendre dans leur vie... Et on finit par rentrer, en se disant que les Mexicains ont vraiment le cœur sur la main.

Notre deuxième jour consiste à découvrir nos premiers pueblos mágicos. Ce sont les appellations données à certains villages bien restaurés et qui ont un intérêt culturel ou historique. Afer, le fils de la famille, nous dépose à la station de bus et nous voilà partis pour Ajijic et le lac de Chapala.
Après avoir raté l'arrêt du bus et pris un deuxième pour revenir sur nos pas (on voit du pays comme ça...), on débarque dans un village représentant une explosion de couleurs. Chaque maison, chaque rue donne envie de prendre une photo. C'est exactement comme ça que j'imaginais le Mexique : coloré.

On déambule, on se pose sur les bords du lac Chapala, le plus grand du pays. Il est calme. On observe des oiseaux tremper leurs pattes puis reprendre leur envol.
On continue de se balader et arrivés sur la place principale du village, quelque chose nous surprend : tout le monde parle anglais, assis autour d'un café. On nous avait prévenu qu'Ajijic était un village où beaucoup d'Américains et de Canadiens venaient passer leur retraite... Mais on n'imaginait pas tomber sur une si forte concentration de gens bien pâles comme nous en train d'échanger en anglais.

En revenant sur Guadalajara, on s'arrête à Tlaquepaque. Aujourd'hui avec l'extension de la ville, ce village ressemble plus à un énième quartier de Guadalajara. Mais il a son identité propre. Lui aussi coloré, il est réputé pour son artisanat. Alors une fois de plus on se promène, en passant la tête dans quelques boutiques et quelques musées. On visite même la boutique ayant la plus grande collection de bouteilles de tequila au monde ! Sur une place se concentrent des groupes de mariachis jouant la sérénade pour quelques clients de restaurants, créant une certaine cacophonie musicale.
Il faut savoir que l'un des plus grands mariachis, Vicente Fernandez, est né et mort près de Guadalajara. Dans ce coin c'est une musique vraiment omniprésente.
Le soir à notre retour, on se retrouve embarqués dans une soirée avec les voisins. L'alcool coule à flots, la nourriture et les histoires aussi. On est trois générations autour de la table, et comme toujours au Mexique, à partager un moment de qualité.
Le lendemain on part avec un tour organisé à la découverte d'un village au nom très célèbre : Tequila. Bon en fait on fait surtout ce tour pour visiter une tequilera artisanale : Convivencia. L'explication sur la culture de l'agave ainsi que sur la distillation change notre vision sur cet alcool si emblématique du Mexique. Sept ans à patienter pour récolter ce fruit qui ressemble à un gros ananas.

La suite du processus nous rappelle notre chez nous car c'est assez similaire au vin finalement. On visite même la cave où la tequila est entreposée plus ou moins longtemps en fonction de s'ils désirent obtenir une tequila reposado, añejo ou extra-añejo. La particularité de Convivencia c'est qu'ils ont un extra-añejo un peu spécial. Ils font vieillir leur tequila dans des barriques de bois français qui ont préalablement accueilli du Jack Daniel's. Là on devient très très curieux à l'idée de déguster cette tequila en particulier et on est heureux d'apprendre qu'elle fait partie des quatre tequilas qu'on va pouvoir goûter.
Alors nous voilà tous agglutinés autour de notre guide, qui enchaîne les orations alcooliques avant chaque shot de tequila. Il faut avoir le foie bien accroché pour faire guide par ici. Sincèrement j'appréhendais cette dégustation car depuis une certaine cuite sur Juárez, j'avais dû mal à supporter la tequila. Ça m'occasionnait des palpitations ou des douleurs dans la poitrine. Mais là, de façon surprenante, les verres sont passés comme une lettre à la poste. Comme quoi, la tequila artisanale il n'y a que ça de vrai.
Après avoir appris qu'il ne faut plus nécessairement boire la tequila avec du citron et du sel, ou encore comment bien savourer un verre de cet alcool mexicain, on nous fait rentrer dans la boutique. Car c'est là que nous allons tous avoir la chance de déguster cette fameuse tequila vieillie dans ces barriques si typiques. D'abord on nous fait mettre une goutte sur le dos de nos mains. Eh bien croyez le ou non mais ça a une odeur de caramel. J'en salive déjà. On approche le verre de nos lèvres et là deuxième surprise ! On a l'impression de boire une liqueur de chocolat. Pas ces liqueurs dégueulasses qu'on peut trouver dans les chocolats de Noël mais plutôt comme un sirop avec un léger goût d'alcool en fond.
On est sous le charme mais le charme prend rapidement une douche lorsqu'on apprend que la tequilera ne vend qu'à l'intérieur du pays... Il nous reste bien trop de voyage pour repartir avec une bouteille. Alors tant pis, on en achète une pour remercier nos hôtes de Guadalajara.

En sortant de la boutique, on est accueillis par un groupe de mariachis, tout de bleu et d'argent vêtus, qui enchaînent les morceaux pendant une heure. Le temps de déguster pour nous notre premier cantarito. Un mélange de tequila, différents jus et malheureusement sel... On vous le dit tout de suite on n'est pas fan du tout ! Mais on a le droit de ramener notre verre en terre cuite alors ça fait un joli souvenir.
Après ça on se balade dans Tequila, un pueblo mágico vous vous en doutez bien. C'est mignon, c'est coloré mais c'est très touristique. On passe même une tête dans la tequilera de José Cuervo qui est la plus ancienne encore en production. Celle-ci est industrielle et on peut en acheter en France... Clairement après Convivencia, c'est deux salles deux ambiances.
La visite de Tequila marque pour nous la fin de notre séjour dans l'Etat de Jalisco. Le temps de passer un dernière nuit en compagnie de nos hôtes si accueillants...
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